Acconci en habits de pèlerin

Une rétrospective spectaculaire à Compostelle

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 461 mots

L’artiste américain d’origine italienne Vito Acconci expose depuis 1969. Depuis quelques années, il est redevenu la coqueluche des institutions européennes. Le nouveau Centre d’art contemporain de Saint-Jacques-de-Compostelle lui consacre à son tour une rétrospective.

SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE - Depuis son ouverture l’an passé, le Centre galicien d’art contemporain a présenté de nombreuses expositions prestigieuses, comme celles de Mario Merz, Christian Boltanski, Giovanni Anselmo, ouvrant aussi ses salles à de jeunes artistes espagnols. Sa directrice, Gloria Moure, ne veut pas cependant cantonner le Centre à l’actualité, puisqu’elle programme également pour la fin de l’année une exposition de Medardo Rosso. Depuis que l’Ivam de Valencia est entré dans un demi-sommeil et que d’autres projets similaires n’ont pu aboutir, le Centre d’art contemporain de Compostelle fait figure d’exception dans un pays qui, comme la France dans les années quatre-vingt, avait connu une certaine effervescence.

La situation économique et les nouvelles données politiques pèseront elles aussi sur la vie culturelle, quand bien même la décentralisation, qui est ici une réalité, engage à nuancer la description. En témoigne la Galicie, qui a voulu cette institution dans une ville de très ancienne et très riche tradition universitaire. La municipalité contribue aux activités du Centre en mettant à sa disposition une église désaffectée, où vient de s’achever une importante exposition de Christian Boltanski. Le Centre peut aussi se prévaloir d’une collaboration étroite avec la Fondation Arco, qui constitue depuis quelques années une collection internationale avec le soutien d’entreprises privées et publiques.

Vito Acconci a conçu ici une exposition qui ressemble moins à une traditionnelle rétrospective qu’à une réinvention de son propre travail. Deux installations spectaculaires, accrochées aux murs extérieurs du musée, accueillent le visiteur : des arbres, verdoyants en ce début de printemps, sont disposés sur un escalier métallique et, plus loin, sur l’angle du bâtiment, un véritable appartement est décliné selon le même principe. Dans la série de maquettes qui ouvrent à proprement parler l’exposition, se retrouve cette même dimension à la fois humoristique et critique qui caractérise le travail d’Acconci.

Une vraie violence se fait jour, qui n’a nullement perdu en intensité depuis les vidéos que l’artiste réalisait dans les années soixante-dix et où son corps était brutalement mis à l’épreuve. Les vidéos sont présentées sous une forme inédite, dans un dispositif en apparence anarchique qui accentue encore leurs effets dramatiques. C’est sans aucun doute la relation complexe et parfois sadomasochiste au corps qu’entretient Acconci qui lui vaut rétroactivement une telle reconnaissance. On ne compte pas les artistes qui, aujourd’hui, pourraient se réclamer de lui ou qui, sans en faire nécessairement état, subissent l’influence de ses thématiques et de son comportement.

VITO ACCONCI, LIVING OFF THE MUSEUM, jusqu’au 16 juin, Centro Galego de Arte contemporanea, Saint-Jacques-de-Compostelle, tlj sauf lundi, 11h-20h, dimanche 11h-14h. Renseignements (34) 81 54 66 21.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Acconci en habits de pèlerin

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