Vincent Honoré - Mo.Co

À considérer son parcours hors norme, on devine pourquoi : ce quadragénaire est un défricheur attentif à toutes les scènes, mais aussi un travailleur acharné, soucieux d’inclusion. « Les questions sociales sont au cœur de ce que je fais, et notamment de la manière dont je gère les équipes. Je les veux les plus diverses possible, non par esprit de revanche, mais parce que ça permet une grande richesse de dialogue », note ce transfuge de classe, poussé dans un milieu ouvrier à Bar-le-Duc. Surtout, l’homme est doté d’une longue expérience hors des frontières hexagonales. Directeur artistique de la 13e Triennale des pays baltes en 2017-2018 et du pavillon du Kosovo à Venise en 2019, il a mené l’essentiel de sa carrière à Londres. D’abord nommé à la Tate Modern, où il a introduit la scène française, de Pierre Huyghe à Louise Bourgeois, il a ensuite ouvert et dirigé pendant dix ans la David Roberts Art Foundation (aujourd’hui Roberts Institute of Art). Là, il a mis l’accent sur la performance. À Londres, toujours, il a fait un passage remarqué à la Hayward Gallery, où il a organisé en 2018 l’exposition « Drag: Self-portraits and Body Politics », première du genre sur la scène Drag et succès monstre. De quoi lui donner l’image d’un curateur un peu queer, capable d’aller sonder hors des sentiers battus la vitalité de la création artistique, y compris la plus émergente. Son parcours campe aussi en filigrane le portrait d’un audacieux qui n’aime rien tant que configurer des lieux et, selon ses termes, les « articuler conceptuellement ».