Thierry Raspail : Philippe Favier n’a pas les honneurs de l’institution nationale. Dommage pour l’institution

La tradition est un facteur de reconnaissance, disons une « qualité » non cosmopolite et donc « rassurante ». C’est devenu un critère (hélas) accepté sans distance. À cela, ajoutons l’ossification, l’ennui et l’épuisement du ready-made. Ajoutons aussi la frénétique fabrication de l’actualité exigée par le marché, sous la houlette de la voracité du consommateur/collectionneur/regardeur toujours à l’affût. Et nous avons brièvement dressé la carte actuelle d’un terrain propice à « la peinture ».
 

Philippe Favier travaille beaucoup, expose sélectivement, mais il n’a pas les honneurs de l’institution nationale. Dommage pour l’institution. Disons les choses, Favier a croisé le fer avec le marché pour des raisons d’autonomie, de refus des diktats et de la répétition. Il paie donc son outrecuidance par une discrétion relative, notamment dans la capitale…
 

C’est un explorateur de mémoire, colleur d’univers, démonteur-remonteur, traceur d’images, commentateur éloquent, déjoueur de sujets, inopportun avec grâce, appariteur d’invisible, pourchasseur de bêtise, polymorphe d’objets. Il est finalement peu peintre, même s’il lui arrive d’utiliser pinceaux et couleurs.
 

Il s’agissait de concevoir un all-over sur l’ensemble des espaces, d’entretenir le dialogue avec une collection tout en valorisant l’œuvre invitée. L’idée consistait à montrer toutes les « séries », toutes les « techniques », tous les modes « d’accrochage ». Il fallait se renouveler, essayer de surprendre et, surtout, de montrer les circonvolutions d’une œuvre incroyablement saisissante.