États-Unis

Richard Prince refuse de reconnaître une photographie qu’il a faite d’Ivanka Trump

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 16 janvier 2017 - 503 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [16.01.17] - L’artiste appropriationiste a remboursé 36 000 dollars à l’acquéreur d’un cliché d’Ivanka Trump tiré de sa série Instagram, considérant dès lors qu’il n’en est plus l’auteur. Un acte provocateur et politique.

Alors que son mari, Jared Kushner, vient d’être nommé haut conseiller à la Maison Blanche, Ivanka Trump est à nouveau la cible de protestation anti-Trump dans la sphère artistique. Déjà prise à partie par les artistes avec le hashtag « #DearIvanka », la fille de Donald Trump est l’objet d’une polémique avec Richard Prince.

Approché par un conseiller en art en 2014, Richard Prince avait été sollicité pour réaliser une œuvre à partir du fil Instagram d’Ivanka Trump. Tout en précisant que son travail ne répond jamais à des commandes, l’artiste n’avait pas refusé la proposition. A quelques jour de l’investiture de Donald Trump comme 45e président des États-Unis, l’artiste semble regretter sa décision et a décrété, via Twitter, que cette œuvre d’Ivanka Trump tirée de sa série Instagram était « fausse » : « This is not my work. I did not make it. I deny. I denounce. This fake art. » [Ceci n’est pas mon œuvre. Je ne l’ai pas faite. Je démens. Je dénonce. Ceci est une contrefaçon ». ] a-t-il affirmé sur le réseau social au sujet de cette photographie.

Un acte doublement provocateur, sachant que l’artiste est lui-même régulièrement poursuivi pour contrefaçon, sa pratique artistique étant de nature appropriationniste. En utilisant les clichés d’autres photographes sans leur autorisation, Richard Prince a fait l’objet de vives polémiques. Dans sa série Instagram, « ses » photographies sont tirées de captures d’écran de comptes Instagram de célébrités ou d’inconnus, fil de commentaires inclus. Ivanka Trump n’a d’ailleurs pas manqué de réagir à la provocation de Richard Prince avec un tweet grinçant (désormais effacé) dans lequel elle affirme simplement : « J’étais l’auteure. »

Randy Kennedyjan, qui a diffusé l’information pour The New York Times en qualifiant Richard Prince de « farceur » a été critiqué par l’artiste, qui a immédiatement riposté sur Twitter : « Ce n’est pas une farce. L’œuvre a été vendue à Ivanka Trump et j’ai reçu 36 000 dollars en contrepartie le 14 novembre 2014. J’ai remboursé la somme. Elle détient désormais un faux », en poursuivant : « Censurer le portrait d’Ivanka était un choix honnête entre bon et mauvais. Le bon c’est de l’art. Le mauvais ce n’est pas de l’art. Les Trump ne sont pas de l’art ».

Et quand la journaliste Georgina Adams se demande (toujours sur Twitter) si cette action détruit la valeur de l’œuvre, la réponse semble évidente pour Richard Prince qui clame : « Cette œuvre n’a pas de valeur. J’ai remboursé l’argent. Elle ne vaut rien ». Au-delà de la valeur de l’œuvre, la question a le mérite d’être posée concernant son authenticité. La justice pourrait bien surprendre Richard Prince en déclarant l’œuvre authentique à son insu, comme l’a récemment fait le parquet de Corée du Sud avec une œuvre de Chun Kyung-Ja.

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