Quand danse et arts visuels se rencontrent, c’est le corps qui devient terrain commun. Un dialogue qui dépasse la scène et séduit de nouveaux publics selon Rachid Ouramdane.
Je prendrais l’exemple des Ballets russes comme point de départ. Avec Pablo Picasso ou Francis Picabia, l’environnement visuel était pensé pour la scène. Puis, les Américains ont pris le relais, et l’on a pu voir des collaborations plus profondes encore avec, notamment, les artistes conceptuels. À force de se fréquenter, ces disciplines ont fini par s’interpénétrer. Certains artistes sont tout autant chorégraphes que plasticiens, comme William Forsythe, qui a aussi réalisé des installations.
Le mouvement commun principal est une recherche de liberté d’expression, notamment pour certaines communautés raciales ou sexuelles. C’est cela qui noue des complicités artistiques, qui invente des courants ou qui crée des lieux nouveaux, hybrides, underground, devenant parfois des institutions. La recherche artistique commune à la danse et aux arts visuels, notre propos en partage, c’est le corps.
Chaillot est un musée en soi dans lequel nous organisons des événements, sans avoir toujours besoin de la scène. Nous avons mis en place une collaboration entre les chorégraphes Anna Chirescu et Nicolas Huchard, et les designers de la villa Noailles (à Hyères), qui a donné naissance à des formats très courts. Ces petits objets n’auraient eu aucun sens à être portés sur scène, parce qu’ils ne sont pas irrigués par une dramaturgie. Mais comme tels, ils entrent dans notre programme « Chaillot Expériences ». On est entre le défilé et la représentation. La société a besoin du corps dansant. Le corps manifeste et revendique des identités. Et l’action de la danse déborde largement du champ de la scène. Nous recevons d’ailleurs un public qui n’est pas un grand connaisseur de danse, mais qui s’intéresse à la mode, à la musique et au design. Si l’art veut continuer d’être en interaction avec le monde qui l’entoure, il doit faire l’effort d’embrasser les sujets actuels. Et les jeunes générations sont très en phase avec ces milieux. Je crois aussi à la notion de fête, pas au sens récréatif, mais comme ce geste de société hautement politique : se rassembler, dans toutes nos différences, pour des expériences inattendues. Chaillot, avec les grands bals populaires de Jean Vilar, a ouvert cette histoire. Aujourd’hui, le Palais de Tokyo et le 104 sont aussi des endroits qui pensent autrement la pratique culturelle. Ces lieux réfléchissent à comment s’inscrire dans les nouveaux rythmes qui animent la société.
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Rachid Ouramdane : « L’action de la danse déborde largement du champ de la scène »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : Rachid Ouramdane : « L’action de la danse déborde largement du champ de la scène »








