L’architecte chinois qui vient de recevoir le prestigieux prix Pritzker 2025 prône une architecture du quotidien, très ancrée dans son territoire et ses traditions.
À travers Liu Jiakun, deuxième architecte de son pays à être récompensé (après Wang Shu en 2012), le jury du prestigieux prix Pritzker atteste de la montée en puissance d’une architecture chinoise encore méconnue en Occident. Ce choix confirme aussi la valorisation d’une architecture du quotidien, au service des habitants et de la transition écologique. Le lauréat se dit d’ailleurs convaincu du pouvoir transcendant de son art, qu’il juge à la synthèse de plusieurs fondements : la communauté, la spiritualité, la tradition et le préexistant. Né en 1956 à Chengdu, la capitale du Sichuan, Liu Jiakun a fondé son agence Jiakun Architects en 1999. En quatre décennies, il a conçu plus de trente projets, des musées et centres culturels, édifices universitaires, bâtiments commerciaux, et des plans d’urbanisme dans toute la Chine. Ses constructions sont le reflet d’une approche holistique de la ville, visant à intégrer tous les usages de la vie urbaine. En 2015, le West Village imaginé pour Chengdu est emblématique de cette démarche. Ce vaste complexe d’habitations qui englobe un stade et plusieurs terrains de sport est entouré d’un ensemble de pistes piétonnes et cyclables sur plusieurs niveaux qui offrent de multiples points de vue sur la ville. Mais l’approche de Liu Jiakun s’inspire aussi de la tradition chinoise dont il se sert comme source d’innovation. On le constate notamment avec le Luyeyuan Stone Sculpture Art Museum (Chengdu, 2002), qui abrite des sculptures et des reliques bouddhistes, évocation d’un jardin traditionnel, dans lequel l’eau et les pierres anciennes s’équilibrent pour refléter le paysage naturel. La grotte de Tianbao (Luzhou, 2021), nichée dans un paysage luxuriant de montagne à flanc de falaise reprend cet ancrage historique. À la suite du séisme de Wenchuan en 2008, Liu Jiakun choisit de recycler les gravats des ruines en les renforçant avec des fibres de blé et du ciment locaux pour produire des briques plus résistantes. On retrouve ces « briques de la renaissance » dans plusieurs de ses bâtiments comme au Musée Shuijingfang (Chengdu, 2013) et West Village. En parallèle de sa carrière d’architecte, Liu Jiakun a publié plusieurs romans. « J’aspire toujours à être comme l’eau – à pénétrer dans un lieu sans porter de forme fixe qui me soit propre et à m’infiltrer dans l’environnement local et dans le site lui-même », explique-t-il. « Avec le temps, l’eau se solidifie progressivement, se transformant en architecture, et peut-être même en la forme la plus élevée de la création spirituelle humaine », conclut-il.
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Liu Jiakun, un architecte qui s’infiltre dans le quotidien
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°785 du 1 mai 2025, avec le titre suivant : Liu Jiakun, un architecte qui s’infiltre dans le quotidien