Constitué, depuis les années 1980, d’ensembles monographiques cohérents en peinture, sculpture et photographie, le Frac lorgne aujourd’hui l’immatériel.
Limoges. Si certains Fonds régionaux d’art contemporain (Frac) se distinguent par une catégorie d’œuvres dominante, comme le Frac Picardie, reconnu pour sa collection de dessins, le Frac de Limoges conserve un fonds hétérogène culminant aujourd’hui à 1 800 œuvres. Toutefois, quelques médiums y sont particulièrement bien représentés : le Fonds est en effet doté de 400 photographies, 350 peintures, 300 sculptures et près de 200 dessins.
Le Frac Limousin, créé en 1982, a témoigné une attention particulière à Supports/Surfaces au cours de ses dix premières années d’existence. Des grands noms du mouvement, tels que Claude Viallat (d’ailleurs professeur à l’École nationale d’art décoratif de Limoges de 1967 à 1973), Bernard Pagès, Simon Hantaï, Daniel Dezeuze, Jean-Pierre Pincemin, Christian Jaccard, Toni Grand, Louis Cane et André Valensi sont entrés dans sa collection dans les années 1980-1990. À cette époque, la structure limougeaude s’est également intéressée à la sculpture européenne. Vladimir Skoda, Peter Briggs et Christian Boltanski ont ainsi rejoint les réserves, suivis, au cours de la décennie suivante, de Michel Aubry, Hubert Duprat, Alain Séchas, John M. Armleder et Richard Monnier, pour n’en citer que quelques-uns.
La photographie est quant à elle devenue un axe majeur de la collection à partir des années 1990, sous l’impulsion de Frédéric Paul, directeur du Frac Limousin de 1990 à 2000. Aux œuvres d’Annette Messager, Cindy Sherman et Urs Lüthi acquises dans les années 1980, se sont ajoutés des tirages de William Wegman, Sophie Calle, Gordon Matta-Clark ou encore Vito Acconci.
À l’arrivée de Yannick Miloux (directeur du Frac Limousin de 2000 à 2015 puis directeur artistique du Frac-Artothèque de 2015 à 2023), l’établissement a affirmé sa volonté de constituer des ensembles monographiques. L’objectif : acquérir des œuvres présentées dans le cadre d’expositions personnelles et enrichir le fonds au fil du temps afin de rendre compte de l’évolution de la démarche de l’artiste. Cette logique a prévalu dans les années 1990-2000, au cours desquelles le Frac a acquis des ensembles de Monnier, Wegman, Ernest T., Georg Ettl, mais aussi Claude Closky et Anita Molinero. Et a été réaffirmée lors de la fusion du Frac et de l’Artothèque du Limousin en 2015.
Quarante ans après les premières acquisitions, la collection du Frac est un peu à l’étroit dans les réserves, situées dans le centre-ville de Limoges (à deux pas du Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine), mais leur extension n’est pas à l’ordre du jour. C’est pourquoi Catherine Texier, directrice générale du Frac-Artothèque, souhaite faire de la performance et des œuvres à protocole, dont la matérialité au long cours se résume à des certificats d’authenticité et des consignes d’activation, un axe fort de l’enrichissement de la collection. Bien que le pari semble audacieux, cette nouvelle orientation permettra à la structure d’acquérir des types d’œuvres absents de la collection, là où d’autres Frac comme le 49 Nord 6 Est, à Metz (Lorraine), conservent déjà des centaines d’œuvres de cette nature.
« Paysages recommencés » inaugure le nouveau Frac-Artothèque
Exposition. Le Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine a souhaité placer son exposition inaugurale, conçue par Yannick Miloux, sous le signe du dialogue et de la complémentarité entre diverses collections publiques d’art contemporain. À l’exception du Frac Occitanie, toutes les institutions prêteuses sont situées sur le territoire néo-aquitain. Parmi elles, le CAPC-Musée d’art contemporain de Bordeaux, le Frac Méca à Bordeaux, le Musée d’art contemporain de Rochechouart, le Frac Poitou-Charentes à Angoulême et la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson. L’exposition – dont le titre fait référence aux relectures des paysages emblématiques de l’art moderne par André Raffray, présentées dans l’espace « Coulisses » du Frac-Artothèque – explore la réinvention du paysage à travers les œuvres de 70 artistes de générations différentes. L’occasion de (re)découvrir des œuvres emblématiques de la collection, comme la photographie Office Baroque-Antwerp (1977) de Gordon Matta-Clark, les « Siluetas » (1973-1978) d’Ana Mendieta ou l’installation The Way North and West (1975) de Carl Andre. Les œuvres prêtées par d’autres institutions créent des correspondances visuelles ou discursives. Ainsi les portraits de sites industriels réalisés par Bernd & Hilla Becher, issus du CAPC, fonctionnent très bien à proximité de la photographie d’un toit recouvert de vêtements signée Bas Jan Ader (All my clothes, 1970), conservée par le Frac-Artothèque, et de la photographie d’un geste de Richard Long (A line in Lappland, 1983), provenant de Rochechouart.
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Limoges, une collection en évolution
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°657 du 6 juin 2025, avec le titre suivant : Limoges, une collection en évolution