Art contemporain

L'esprit libre du « Burning Man » envahit Washington

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 3 avril 2018 - 625 mots

WASHINGTON / ETATS-UNIS

Des confins désertiques de l'Ouest américain jusqu'à l'ambiance feutrée d'un musée aux portes de la Maison Blanche : l'esprit rebelle des oeuvres créées pour la grande fête hédoniste « Burning Man » flotte désormais sur la capitale américaine.   

Burning man : FoldHaus, Shrumen Lumen, 2016
Burning man : FoldHaus, Shrumen Lumen, 2016
Photo Rene Smith
Courtesy Renwick Gallery

Mêlant ambiance à la "Mad Max" et soirées folles comme à Ibiza, les terres poussiéreuses du désert de Black Rock, dans le Nevada, voient s'élever chaque été une ville champignon, auto-gérée par ses quelques 75.000 habitants temporaires qui créent pour l'occasion de « Burning Man » de nombreuses oeuvres souvent spectaculaires. Né en 1986 sur une plage de San Francisco, lorsqu'une petite dizaine d'amis décident de brûler une statue d'homme en bois, le « Burning Man » incarne désormais un véritable courant artistique et culturel, explique Nora Atkinson, commissaire de la galerie Renwick de Washington, qui accueille une exposition dédiée à ces oeuvres. Elle tenait à exposer dans l'espace sage d'un musée cet art radical né au coeur du désert car "il se distingue réellement de nombreuses oeuvres d'art contemporain créées en ce moment", explique Mme Atkinson, debout sous le bois finement ciselé d'un "Temple" conçu spécifiquement par l'artiste David Best pour épouser les parois du grand hall de la Renwick.

Et puis, à deux pas de la Maison Blanche, l'exposition "No Spectators: The Art of Burning Man" inaugurée vendredi et durant jusqu'en janvier 2019, apporte un souffle alternatif bienvenu, estime-t-elle. "A notre époque, alors que le monde est tellement cynique, que les gens sont si divisés, il est vraiment important d'être face à une telle force d'apaisement", explique Nora Atkinson. "Il s'agit de permettre aux gens de se prendre en main. Nous construisons le monde dans lequel nous voulons vivre", poursuit-elle, faisant écho à l'éthique de « Burning Man ».

Immersion
C'est en se rendant pour la première fois au festival l'an dernier que Nora Atkinson a découvert l'ébullition inventive des lieux, où artistes et amateurs créent sans être motivés par l'appât du gain. "Il s'agit juste de créer pour le pur plaisir des gens autour de vous", souligne-t-elle. Sculptures rescapées des précédentes éditions de « Burning Man » et oeuvres commandées pour l'occasion, l'exposition rassemble 14 installations dans la galerie Renwick et six autres à l'extérieur, parsemées à travers Washington. Toutes mettent à l'honneur les matériaux de "récup". Ainsi, le dragon majestueusement campé sur ses roues de Duane Flatmo, "Tin Pan Dragon", a été crée avec des casseroles et autres ustensiles de cuisine en aluminium. Et la grande ourse "Ursa Major", s'élevant face aux nombreux passants travaillant dans le centre de la capitale, est née de l'assemblage de 170.000 petites pièces de monnaies.


Co-auteure de l'installation "HYBYCOZO", formée de grands polyèdres que le visiteur peut faire bouger, Yelena Filipchuk salue le parti pris de la Renwick de parier "sans réserve pour l'interactivité" pour cette exposition, en accord avec la philosophie participative de « Burning Man ». L'occasion pour les artistes de "créer un environnement totalement immersif", poursuit-elle alors que les ombres projetées par ses sculptures géométriques dansent sur les murs de la galerie.

Artiste américain de renom dont les installations lumineuses dominent l'escalier central de la Renwick, Leo Villareal voit dans l'arrivée dans un musée de l'art d'ordinaire éphémère du « Burning Man », l'expression "d'un mouvement culturel mondial". "Il est vraiment remarquable" qu'une institution telle que la Smithsonian, qui gère la galerie Renwick et de nombreux autres musées gratuits de Washington, "se rallie derrière l'idée de « Burning Man »", poursuit l'artiste qui travaille à son prochain projet titanesque : éclairer plus d'une quinzaine de ponts sur la Tamise à Londres.

Yelena Filipchuk voit aussi dans cette exposition la confirmation du statut de « Burning Man » comme véritable "institution américaine". "Il représente vraiment des valeurs américaines comme la créativité, la liberté et l'innovation".

Par Maggy DONALDSON

Cet article a été publié le 1er avril 2018 par l'AFP

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