Art contemporain

Le ministère de la Culture séduit les promoteurs immobiliers

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 17 décembre 2015 - 463 mots

PARIS [17.12.15] - Fleur Pellerin a lancé mercredi 16 décembre le programme « 1 immeuble, 1 oeuvre », en présence d’un premier cercle de 13 promoteurs qui s’engagent à commander une œuvre d’art pour leurs nouvelles opérations immobilières.

Attention, ne pas confondre le nouveau programme du ministère intitulé « 1 immeuble, 1 œuvre » avec le 1 % artistique, qui est une obligation faite aux maîtres d’ouvrages publics de réserver un pour cent du coût de leurs constructions pour la commande ou l’acquisition d’une œuvre d’art.

S’il s’agit bien d’installer une œuvre d’art dans un bâtiment privé, nouveau ou rénové, ce n’est pas une nouvelle règlementation et aucun montant n’a été défini. C’est d’ailleurs, un point incertain du programme. Les seules exigences concernent l’obligation de commander une oeuvre pour tous les immeubles du promoteur, « la professionnalité des artistes et la qualité des œuvres », et l’association avec la galerie de l’artiste. Rien n’est en particulier stipulé s’agissant du type d’œuvre (ce peut être une commande ou une œuvre existante) ou son emplacement dans l’immeuble.

En contrepartie de ces engagements, somme toute peu contraignants, le promoteur immobilier peut se prévaloir du label, verra les œuvres commandées exposées chaque année dans un lieu culturel (en tout cas celles qui sont mobiles) et être éligible à l’un des trois prix nouvellement créés. Des gratifications plus symboliques que matérielles.

Initié en juillet dernier lors d’une conversation entre Fleur Pellerin et Laurent Dumas le patron d’Emerige, piloté par Arthur Toscan du Plantier, le conseiller arts plastiques de la ministre, le projet a déjà séduit 13 promoteurs : Accor, Ardian, BNP Paris Real Estate, Bouygues Bâtiment Ile-de-France, BPD Marignan, la Compagnie de Phalsbourg, Eiffage, Emerige, Gecina, Hines , Ogic, Pitch Promotion et Vinci Immobilier. En récompense de leur engagement, ces membres fondateurs entrent dans un comité adhoc, dans lequel figurent également 3 personnalités qualifiées nommées par la ministre : Jean de Loisy du Palais de Tokyo qui assure la présidence de ce comité, l’artiste Fabrice Hyber, et la galeriste Marion Papillon.

Le ministère vise un millier d’immeubles et donc d’œuvres d’art en vitesse annuelle de croisière et compte sur le relais de la Fédération des promoteurs immobiliers et ses 500 sociétés adhérentes pour évangéliser au-delà des 13 fondateurs.

S’il ne faut pas confondre cette opération avec le 1 % artistique, il ne faut pas non plus la confondre avec une autre opération lancée en fanfare l’an dernier intitulée, « L’entreprise à l’œuvre », qui consiste à exposer 10 œuvres issues des collections publiques pendant 1 semaine dans une entreprise et dans laquelle Renault, ERDF et trois autres s’étaient engagées. Mais ici le risque est limité, tout le monde semble l’avoir oublié, même au ministère et le site internet qui lui est consacré prend la poussière depuis novembre 2014.

Légende photo

Fleur Pellerin - Salon du Livre de Paris 2015 © Photo ActuaLitté - 2015 - Licence CC BY-SA 2.0

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