Le nouveau président a mis fin à un projet dont le coût avait quadruplé, jugé intenable pour un pays en proie à une grave crise économique.

Le président du Ghana, John Mahama, élu en janvier dernier, a annulé la construction de la cathédrale nationale. Lancés en 2019, les travaux avaient connu de nombreux aléas avant cette décision. Le bâtiment devait être édifié à Accra, la capitale.
Conçue par l’architecte britannico-ghanéen Sir David Adjaye, la cathédrale devait s’étendre sur 70 000 m² et accueillir plusieurs milliers de fidèles. Le projet comprenait un auditorium de 5 000 places, des chapelles, un baptistère, une école de musique, une galerie d’art et un musée de la Bible d’Afrique. L’architecture s’inspirait de l’histoire du Ghana et du christianisme : un toit en forme de tente ghanéenne rappelant les tissus traditionnels et une façade en bois évoquant le pouvoir politique.
Le cabinet d’Adjaye, auteur du Musée national d’Histoire et de Culture afro-américaine à Washington, avait été chargé du projet. Toutefois, en juillet 2023, des accusations de harcèlement et d’inconduite sexuelle visant l’architecte avaient porté un coup supplémentaire au chantier déjà fragilisé.
L’arrêt effectif des travaux remonte à 2022, lorsque le Parlement avait refusé de voter une nouvelle subvention. L’État avait cessé de payer les entrepreneurs, lesquels avaient protesté et exigé une enquête. Après son élection, John Mahama a pris plusieurs mesures : dissolution du secrétariat de la cathédrale nationale, lancement d’un audit financier et demande au procureur général de résilier le contrat par voie légale.
Le coût total engagé s’élève à 83 millions d’euros pour seulement 8 % du chantier achevé. Le budget initial, de 85 millions d’euros, avait progressivement quadruplé pour atteindre 340 millions, une somme jugée insoutenable dans un pays frappé par une crise économique majeure. En janvier 2025, l’inflation atteignait 23,5 %, et le Ghana avait déjà contracté un prêt de 2,5 milliards d’euros auprès du Fonds monétaire international.
Le projet avait suscité de fortes critiques. De nombreux Ghanéens estimaient que les fonds publics auraient dû être consacrés à la santé et à l’éducation. La construction avait également entraîné la destruction de plusieurs bâtiments publics et financiers. Une pétition réclamait des explications sur une opération jugée longue et coûteuse.
L’audit, confié au cabinet Deloitte et Touche, n’a pas révélé de détournement de fonds, mais a mis en lumière des honoraires d’architectes et des coûts de construction bien supérieurs aux prévisions.
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La cathédrale nationale du Ghana abandonnée après des années de blocage
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