Justice

Jeff Koons a-t-il copié le cochon Naf-Naf ? Décision le 8 novembre

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 25 septembre 2018 - 422 mots

PARIS

Le tribunal de grande instance de Paris rendra le 8 novembre son jugement dans l'affaire opposant Jeff Koons au créateur de publicités Naf-Naf, qui accuse le plasticien américain d'avoir copié une campagne des années 1980, représentant le fameux petit cochon de la marque, secourant une femme dans la neige.

Jeff Koons à New York - Photo Chris Fanning
Jeff Koons à New York
Photo Chris Fanning

Publicitaire indépendant, Franck Davidovici avait assigné Jeff Koons en janvier 2015, estimant que sa sculpture en porcelaine Fait d'hiver, réalisée en 1988, était la "contrefaçon" de son visuel portant le même nom, conçu pour la marque de prêt-à-porter féminin et diffusé dans la presse trois ans plus tôt. M. Davidovici réclame près de 300.000 euros de dommages et intérêts, ainsi que la confiscation de l'oeuvre elle-même, qui "a contribué à faire de Jeff Koons ce qu'il est aujourd'hui, l'un des artistes contemporains les plus chers du monde", a plaidé l'avocat du publicitaire, Jean Aittouares.

La sculpture de Jeff Koons, faisant partie d'une série d'oeuvres intitulée "Banality", dont plusieurs ont fait l'objet de poursuites judiciaires pour plagiat, est "ouvertement contrefaisante" de la publicité de M. Davidovici, jusqu'au titre de l'oeuvre, a souligné Me Aittouares. Du petit cochon doté d'un tonnelet de Saint-Bernard autour du cou à la même jeune femme brune aux cheveux courts, allongée dans la neige dans la publicité, "tout est reproduit à l'identique dans l'oeuvre de Koons, à l'exception de quelques différences : un collier de fleurs et deux pingouins pour rappeler que c'est la neige", a argumenté l'avocat du publicitaire.

Franck Davidovici Naf Naf Fait d'hiver
La campagne imaginée par Franck Davidovici pour Naf Naf, intitulée "Fait d'hiver", automne-hiver 1985, mannequin Laurence Treil
© Franck Davidovici

La défense de l'artiste américain a elle mis en avant le droit à l'appropriation, au nom de la liberté d'expression artistique. "Cette oeuvre, Jeff Koons ne nie pas s'en être inspiré, bien au contraire car c'est le propre de sa démarche artistique. Dans sa sculpture en porcelaine, le message véhiculé est différent, nouveau, c'est celui de la banalité comme sauveur", a avancé le conseil de l'artiste américain, Emmanuel Baud. "L'humanité est représentée par cette femme allongée, et la banalité par ce petit animal de ferme anodin, ainsi que par ces pingouins en porcelaine et les fleurs. C'est une oeuvre autonome, entière, originale, (...) dont le message est radicalement différent de l'oeuvre première, qui est de vendre des vêtements", a insisté Me Baud.

Outre l'artiste américain lui-même, le publicitaire Franck Davidovici poursuit sa société Jeff Koons LAC, le Centre Pompidou qui avait exposé la sculpture Fait d'hiver lors d'une rétrospective fin 2014, l'éditeur Flammarion qui a commercialisé un ouvrage la reproduisant la sculpture, et la Fondation PRADA qui en est la propriétaire.

Cet article a été publié par l'AFP le 24 septembre 2018.

Thématiques

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque