À Prague, la Galerie Rudolfinum n’est pas une galerie, mais un centre d’art – qui dépend du ministère de la Culture – installé depuis 1994 dans un bâtiment néo-Renaissance inauguré en 1885.
Iván Argote (né en 1983, en Colombie) occupe les huit grandes salles avec 34 œuvres regroupées sous l’intitulé « Radical Tenderness » et datées de 2011 à 2025. C’est ainsi la plus grande exposition consacrée à l’artiste.
Le parcours commence par l’une de ses premières vidéos, de 2011, où on le voit lécher et embrasser goulûment une barre de métro parisien, prémices de ses futures et nombreuses performances et interventions dans l’espace public. Si certaines sont assez spontanées, la plupart d’entre elles sont très préparées et travaillées à l’exemple de la série de photos « Turistas » de 2012-2013, présentées à l’époque chez Perrotin (sa galerie), pour lesquelles Argote est allé recouvrir de ponchos les statues de rois ou de personnages liés à la colonisation dans différentes villes du monde, de Madrid à Los Angeles.
Cette critique des présences coloniales est au centre de Levitate, une œuvre présentée dans le cadre du prix Marcel Duchamp 2022, composée d’un obélisque en bois morcelé, couché au sol et accompagné d’une vidéo en trois parties dont l’une montre comment l’artiste a simulé l’enlèvement de la statue du général Joseph Gallieni devant les Invalides à Paris.
Réalisée spécialement pour la plus grande salle de la galerie, transformée en jardin de sculpture, Wild Flowers: Augustus se moque de statues historiques brisées, comme celle d’un Auguste démembré, progressivement envahies par la végétation.
Si Argote est passé maître dans l’art provocateur et volontairement irrévérencieux de faire débander les obélisques, déboulonner les statues et mettre à mal les signes de domination, il le fait toujours avec humour, finesse, poésie et esthétisme mais sans jamais perdre de vue un rapport à l’espace et un engagement social, politique, idéologique qui reste la colonne vertébrale bien droite de sa démarche.
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Iván Argote et les obélisques déchus
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Abonnez-vous dès 1 €Galerie Rudolfinum, Alsovo nabrezi, 12, Prague (République tchèque), www.galerierudolfinum.cz
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°788 du 1 septembre 2025, avec le titre suivant : Iván Argote et les obélisques déchus








