Financé par la Fondation Kamel Lazaar, le nouveau centre culturel organise un festival palestinien de littérature dans sa librairie.

Londres. Niché dans l’éclectique quartier londonien de Fitzrovia, le nouveau centre culturel privé Ibraaz a ouvert le 15 octobre. Entièrement financé par la Fondation du Tunisien Kamel Lazaar et fondé par sa fille Lina Lazaar, vice-présidente de la fondation, il propose un programme d’expositions, des débats d’idées et des projections émanant de la « majorité mondiale ». « Ce terme signifie que nous n’excluons personne, souligne Hammad Nasar, directeur des programmes et des contenus. Il s’agit de réfléchir aux problèmes planétaires à tous les niveaux et pas seulement par le biais des circuits culturels bien établis. » Implanté dans un bâtiment classé de Grade II, de près de 1 000 m², le centre est situé à proximité des institutions britanniques que sont la BBC et le British Museum, mais aussi du quartier politique de Westminster. « Nous voulons revendiquer ce genre d’espace pour les personnes qui d’habitude ne s’y sentent pas les bienvenues, notamment les communautés diasporiques », poursuit Hammad Nasar.
Cet engagement se traduit par le programme de la librairie (Maktaba), située au rez-de-chaussée, comme le café (Oula), pour attirer les passants. Organisée de façon temporaire autour d’un festival palestinien de littérature, la vitrine expose des titres tels que Gaza, the Story of a Genocide (Gaza, l’histoire d’un génocide). Le choix fait presque figure de provocation alors que le gouvernement britannique ne reconnaît pas ce terme. « L’objectif du centre va de pair avec une certaine prise de risque, indique Hammad Nasar. Alors que de nombreux projets autour de la Palestine ont été annulés ou censurés, nous voulions mettre en lumière ces voix, ce que signifie d’ailleurs Ibraaz. »
Ce faisant, le centre s’inscrit dans la lignée de la plateforme éponyme, lancée par la fondation de 2011 à 2017 comme une publication dédiée à l’art visuel contemporain du monde arabe. « Le catalyseur de cette plateforme a été le Printemps arabe et le besoin, pour beaucoup de jeunes, de se connecter à un mouvement culturel plus large, poursuit Hammad Nasar. Ce centre prolonge cette idée, dans notre époque post-Covid, alors que les violences génocidaires et les témoignages réduits au silence se multiplient. »
La même intention se retrouve dans les autres salles des six étages du bâtiment, loué pour une période de quinze ans. Située au second étage, la bibliothèque (Iqra) propose de découvrir la documentation littéraire et intellectuelle à l’origine de l’œuvre d’un artiste. Elle sera occupée jusqu’au 6 septembre 2026 par le groupe londonien Otolith, composé d’Anjalika Sagar et de Kodwo Eshun. Au rez-de-chaussée, l’espace de rassemblement (Majlis) accueille jusqu’en février le Parlement des Fantômes de l’artiste ghanéen Ibrahim Mahama. « Il se trouve à deux pas d’un des plus anciens parlements du monde, poursuit Hammad Nasar. Le bois au sol provient d’une ancienne gare britannique au Ghana. En rassemblant ici ces meubles de l’époque coloniale, l’œuvre est une façon de réfléchir à la manière de traiter nos fantômes et de vivre avec eux. » Le centre sera accessible de façon gratuite mais une billetterie pourrait être mise en place pour financer certains des événements. La fondation n’a pas révélé les coûts de fonctionnement et d’investissement ni ses revenus.
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Ibraaz, une voix engagée en plein cœur de Londres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°664 du 31 octobre 2025, avec le titre suivant : Ibraaz, une voix engagée en plein cœur de Londres






