Disparition

Disparition de Michel Enrici, ancien directeur de la Fondation Maeght

Par Jérémie Glaize · lejournaldesarts.fr

Le 18 juin 2018 - 683 mots

MARSEILLE

Historien et critique, directeur d’écoles d’art, Michel Enrici est décédé dans la nuit de vendredi à samedi 16 juin à l’âge de 73 ans.

Michel Enrici lors du vernissage pour les 50 ans de la Fondation Maeght en 2014
Michel Enrici lors du vernissage pour les 50 ans de la Fondation Maeght en 2014
Photo Roland Michaud
© Archives Fondation Maeght

Né à Marseille en 1945, Michel Enrici était tout entier un homme d’art. Après avoir étudié la littérature et l’histoire de l’art à Paris, son parcours sera jalonné de nombreuses rencontres : les grands intellectuels français, de Jean-François Liotard à Roland Barthes. Mais c’est à partir de la fin des années 70, en participant à la revue Artistes fondée en 1979 par Bernard Lamarche-Vadel qu’il s’essaie à la critique d’art et embrasse pour de bon cet univers.

« Ce qui caractérisait Michel Enrici, c’était sa fidélité aux artistes qu’il accompagnait de son regard, de sa pensée critique et de sa plume. Ses choix ne relevaient d’aucune chapelle particulière, intéressé qu’il était aux œuvres qui faisaient sens et non en recherche d’effet. En cela, il a défendu des démarches volontiers éclectiques telles Gasiorowski, Lee Ufan ou Max Armengaud » souligne Philippe Piguet, historien et critique d’art. 

Cette éclectisme sincère et marqué amène Michel Enrici à des rencontres artistiques fortes. C’est ainsi qu’à l’âge de quarante ans il fait une première rencontre déterminante en la personne de Gérard Gasiorowski, artiste de la galerie Maeght. 

En parallèle de son parcours de critique et d’historien, Michel Enrici mène une carrière dans les écoles d’art. Directeur de l’École nationale des beaux-arts de Dijon puis, de 1993 à 2002, directeur de l’École supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée, il participe activement à la création d’une école de scénographie, le pavillon Bosio, rattachée à l’École supérieur d’arts plastiques de la ville de Monaco, qu’il dirige durant cinq ans. « Scénographie, c’est un mot conquérant, qui est au cœur de l’art contemporain. Tous les artistes d’aujourd’hui la pratiquent, même si la tradition s’est un peu perdue » soulignait Michel Enrici à propos de ce projet. 

En décembre 2006, il est nommé à la tête de la Fondation Maeght pour « faire dialoguer des artistes vivants avec la collection et ce lieu unique ». Pour sa première exposition, il organise un hommage au fondateur des lieux. Durant trois années, il promeut un dialogue constant entre art moderne et art contemporain, comme celui entre Yan Pei-Ming et Alberto Giacometti en novembre 2007.

Michel Enrici a également publié de nombreux ouvrages, comme une monographie sur Jean-Michel Basquiat en 1990 ou la première monographie originale en France, publiée aux éditions Actes Sud, sur le travail de l’artiste sud-coréen Lee Ufan, dont il pilotait d’ailleurs depuis 2017 le projet de fondation à Arles. Il est aussi l'auteur d’un livre sur Kim Tschang-Yeul , autre artiste coréen, sans oublier ses participations à de nombreux catalogues comme ceux de Hans Hartung, Richard Deacon, Jean-Michel Sanejouand ou encore Jacques Monory.

Il était également secrétaire du conseil d’administration de la fondation Vincent Van Gogh depuis 2016 et membre du comité artistique.

« C’était, comme on dit, une belle personne doublée d’un bel esprit, au verbe lent et réfléchi » confie Philippe Piguet qui l’a bien connu.

Les obsèques auront lieu dans l’intimité familiale en milieu de semaine.

Isabelle Maeght, à propos de Michel Enrici :

« Mon père [Adrien Maeght] et la fondation ont eu une première rencontre avec Michel vers 1982-83. Il était très proche de Gérard Gasiorowski, et après son décès, mon père a souhaité que Michel fasse son inventaire. Nos chemins s’étaient alors séparés une première fois […] puis la Fondation a estimé qu’il était l’homme de la situation [NDLR : concernant sa nomination de directeur de la Fondation en décembre 2006] et nous avons fait appel à lui. Il alliait rigueur et fantaisie : une maîtrise de l’histoire de l’art, mais aussi une connaissance de l’homme, de l’artiste. C’était un vrai amoureux des artistes, quelqu’un de jovial, qui maîtrisait vraiment son sujet. 
J’ai du mal à parler de lui au passé. Il était resté très proche de la Fondation, il participait aux vernissages, etc. Mon père est vraiment touché par sa disparition. »

Interview de Michel Enrici à l'occasion de l'exposition Max Armengaud au Château d'Eau du 20 janvier au 29 mars 2016.

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