Art contemporain - Disparition

Disparition de l’artiste Ilya Kabakov

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 30 mai 2023 - 433 mots

ÉTATS-UNIS

Il avait investi avec son épouse le Grand Palais en 2014 pour un « Monumenta » qui a fait date, intitulé L’Étrange cité.

Ilya Kabakov. © Garagemca, 2018, CC BY-SA 4.0
Ilya Kabakov (1933-2023).
Photo Garagemca, 2018

Ilya Iossifovich Kabakov est décédé samedi 27 mai, à l’aube de ses 90 ans, à Long Island (New York). Il a consacré sa vie à explorer l’utopie et la condition humaine à travers des métaphores et un humour absurde. Son œuvre puise dans les échecs de la société soviétique qui se voulait – dans le discours - moderne, égalitaire et nouvelle, mais qui s’est finalement effondrée. 

Né le 30 septembre 1933 à Dniepropetrovsk (devenue Dnipro), en Ukraine, Kabakov a étudié les arts à Moscou et obtenu en 1957 un diplôme de graphiste à l’Institut des Beaux-Arts Sourikov. En 1959, l’artiste russe devient « membre-candidat » de l’union des artistes soviétiques, ce qui lui permet de devenir fonctionnaire en tant qu’illustrateur de livres pour enfants. 

Pourtant, dès les années soixante, Kabakov rejoint le groupe dit « du Boulevard Sretensky », un groupe réuni par la volonté d’un art libre et dissident, dont font partie Erik Boulatov et Eduard Steinberg. 

A partir des années soixante-dix, Kabakov s’émancipe « du Boulevard Sretensky », adopte un art conceptuel et forme les « Conceptualistes de Moscou », tandis qu’il rédige et peint des albums inspirés d’après des personnages imaginaires. Il donne à ses personnages un espace à partir des années quatre-vingt lorsqu’il commence à concevoir les intérieurs de ses Dix personnages (1981-1988), sa première installation d’envergure dans laquelle il utilise des mécanismes littéraires tirés des ouvrages de Gogol. Il présente ces installations en 1988 lors d’une exposition personnelle à Ronald Feldman Fine Arts, à New York, reproduisant l’apparence de l’appartement commun de dix pièces dans lequel il a vécu enfant. On y trouve, par exemple, L’homme qui a volé dans l’espace depuis son appartement (1985), une critique de la propagande soviétique lors de la course à l’espace.

Dans la fin des années quatre-vingt, Kabakov avait en effet fuit la Russie et rencontre Emilia (née en 1945), qui deviendra son épouse en 1992, et avec qui, il travaille à partir de 1989. Constituant un duo indissociable, les Kabakov ont investi, en 2014, les 13 500 mètres carrés du Grand Palais avec L’Étrange cité, une œuvre monumentale interrogeant la culture et l’histoire de leur pays natal. 

Même après la fin de l’Union soviétique, Kabakov a continué à produire un art sur l’utopie qui lui est associée. « La barrière du communisme a disparu maintenant, donc mon travail parle d’un monde qui n’existe plus – c’est un sentiment étrange, aussi, de voir disparaître le monde dans lequel j’ai vécu pendant tant d’années », avait-il déclaré au Los Angeles Times en 1995. 

Ilya et Emilia Kabakov, L'Étrange Cité, Monumenta 2014, Grand Palais © Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr
Ilya et Emilia Kabakov, L'Étrange Cité, Monumenta 2014, Grand Palais.
© Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr

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