Art contemporain - Disparition

Décès du peintre Marc Janson

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · lejournaldesarts.fr

Le 14 janvier 2022 - 474 mots

PARIS

L’artiste Marc Janson à l’œuvre onirique, mêlant surréalisme et fantastique, s’est éteint le 12 janvier à l’âge de 91 ans.

Marc Janson dans les années 1970 - Photo courtesy Benoît Janson
Marc Janson dans les années 1970.
Courtesy Benoît Janson

Un peu oublié aujourd’hui, Marc Janson appartient à un courant proche du surréalisme. Il vient de s’éteindre à l’âge de 91 ans à Paris où il vivait, alternant avec de nombreux séjours dans le Roussillon. Né à Uccle (Belgique) en 1930, il a fait ses études à l’École du Louvre, car la connaissance du passé lui semblait indispensable pour s’insérer dans le présent. 

Les toiles de Marc Janson sont oniriques, surréalistes, fantastiques. Elles sont nées dans des périodes tantôt « abstraites », tantôt « nuagistes ». Le peintre a décrit lui-même sa pratique comme étant proche du fantasque, du « paysage, état d’âme », et assimilée à celle des artistes comme Roberto Matta (1911-2002) ou André Masson (1896-1987). 

Dans sa première manière, ses toiles se présentaient comme une série d’étroites bandes horizontales, parallèles, divisées en carrés, comme autant de décompositions, variations et rappels d’une même phrase monochrome. Des organisations polyphoniques les ont remplacées, telle une musique à plusieurs tons. Ses dernières toiles tendent à retrouver un certain contenu anthropomorphique. 

Tantôt fluide, craquelée ou desséchée, raclée sur une toile ancienne ou attaqué par la brosse, la substance est au cœur de ses recherches. Marc Janson part d’une masse de couleur qu’il distend, pétrit, divise. Son triptyque l’Été (1978) nous réinstalle dans un temps humain, dépeignant une série de variations sur un même sujet, « dans l’esprit de Monet, mais avec une sensibilité qui ferait songer à Bonnard », écrivait à son sujet Pierre Guiraud.

L’inspiration poétique et littéraire de Marc Janson est révélée par ses titres : Une Épée et cent Désirs emprunté à Nietzche ou Flèches tonnantes à Tristan Tzara. L’artiste appréciait également la peinture d’Odilon Redon, de Gustave Moreau et autres peintres dont l’œuvre est empreinte de rêverie, d’onirisme. Ami de Francis Picabia, il admirait particulièrement son œuvre, confie Benoît Janson, fils de l’artiste. 

Proche de Roland Barthes (1915-1980), ce dernier écrivit, au sujet de sa peinture qu’elle a « une fonction poétique, non pas au sens approximatif où elle illustrerait esthétiquement un récit ou un sentiment, mais au sens exact où, à l’instar d’un poème moderne, elle fait de l’image (du mot) quelque chose d’absolument connu et d’infiniment inconnu »

Sa première exposition personnelle a eu lieu à la Galerie André-François Petit en 1956, où il exposa à nouveau son travail à deux reprises (1958, 1960). Les galeries Katia Granoff, Armand Zerbib, Gianna Sistu lui ont ensuite ouvert leurs portes, ainsi que la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence. Ses œuvres ont aussi voyagé à l’étranger, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1966, puis à Milan, Genève, Londres et Singapour. En 2014, le Musée d'art moderne de Paris accrochait dans ses collections Furie de la flûte grêle (1973), acheté à l'artiste en 2010. Plusieurs de ses toiles ont été acquises par le Fonds national d’art contemporain.

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