Royaume-Uni - Polémique

Damien Hirst accusé d’avoir artificiellement vieilli des œuvres

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 22 mars 2024 - 446 mots

Trois œuvres ont été présentées comme des réalisations des années 1990 alors qu’elles datent de 2017, révèle The Guardian.

Trois sculptures de l’artiste britannique Damien Hirst, réalisées en conservant des animaux morts dans du formol, ont été présentées dans diverses galeries internationales comme étant des œuvres datant des années 1990. The Guardian vient de révéler qu’elles ont en réalité été conçues en 2017. L’atelier de Damien Hirst, nommé Science Ltd, aurait demandé à ses employés de les vieillir artificiellement pour donner l’impression qu’elles remontent aux années charnières de la carrière de l’artiste, qui avait remporté le prix Turner en 1995.

Les trois œuvres concernées exposent des animaux conservés dans des boîtes remplies de liquide transparent. Caïen et Abel (1994) présente des veaux jumeaux placés côte à côte, Dove (1999) un oiseau aux ailes déployés et Myth Explored, Explained, Exploded (1993-1999) un requin découpé en trois morceaux.

Aucune mention de l’existence de ces œuvres n’a été trouvée avant 2017, date à laquelle elles sont apparues pour la première fois lors de l’exposition « Visual Candy and Natural History » chez Gagosian  Hong Kong. Dove (1999) aurait été vendu pendant ou après l’exposition, mais les deux autres œuvres ont ensuite été présentées dans plusieurs galeries et musées aux États-Unis et en Europe (Munich, Londres, Oxford) entre 2018 et 2024.

Après enquête, The Guardian révèle que les trois œuvres auraient été réalisées par les employés de Damien Hirst moins d’un an avant leur première apparition, dans un atelier à Dudbridge dans le Gloucestershire. Puisqu’aucune liste publique ou catalogue raisonné des œuvres de Damien Hirst n’existent, les marchands se seraient uniquement appuyés sur les informations données par sa société Science Ltd, qui leur ont délivré les dates erronées.  

Damien Hirst © Photo Luke Stephenson, 2007 - CC BY-SA 3.0
Damien Hirst.
Photo Luke Stephenson, 2007

Les avocats de Damien Hirst répondent que « les œuvres au formaldéhyde sont des œuvres d’art conceptuelles », expliquant que « la date que Damien Hirst leur attribue est celle de la conception de l’œuvre » et que « ce qui lui importe, ce n’est pas la fabrication physique de l’objet mais plutôt l’intention et l’idée derrière l’œuvre d’art ». Ils concèdent que les œuvres avaient parfois « été vieillies » mais déclarent que cette pratique relevait d’un « processus artistique » et non d’une volonté de prétendre qu’elles étaient plus anciennes qu’elles ne le sont en réalité. 

Damien Hirst n’en ait pas à sa première controverse. L’artiste britannique de 58 ans est régulièrement sous le feu des critiques tant pour le contenu de ses œuvres que pour ses méthodes jugées discutables. En 2017, il avait notamment été accusé d’appropriation culturelle par l’artiste nigérian Victor Ehikhamenor, ainsi que de plagiat par le sculpteur britannique Jason deCaires Taylor. Il est une nouvelle fois accusé de plagiat en 2022, cette fois-ci par l’artiste Joe Machine

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