Claude Rutault, protocolaire révolutionnaire

Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Claude Rutault (né en 1941 aux Trois-Moutiers, Vienne) avait défini ainsi sa première méthode :« une toile tendue sur châssis peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée. sont utilisables tous les formats standards disponibles dans le commerce, qu’ils soient rectangulaires, carrés, ronds ou ovales. » Par la suite, il formula plus de 650 « d/m » – « définitions/méthodes » – résidant dans un ensemble de règles, d’instructions et de procédures permettant au « preneur en charge » (collectionneur, galeriste, institution…) d’actualiser ses œuvres.

Intransigeant et caustique (« Le meilleur artiste est celui qui fait le plus joli bouquet », déclara-t-il), Claude Rutault fait partie de ceux, rares, à avoir introduit une rupture dans l’histoire de l’art en modifiant son mode de production. Son dispositif invitait en effet l’acquéreur de sa peinture à en devenir créateur, en la réalisant ou en la faisant réaliser, voire en proposant lui-même à l’artiste une « d/m ». Au « tableau à mort lente » figé dans le passé « avec toutes ses qualités et ses limites », il opposait la toile de la même couleur que le mur, toujours « au présent, en attente d’une nouvelle actualisation ». Radicale et subtile, parfois fantaisiste – comme ses enchères devinettes –, son œuvre a été célébrée dans les plus grands musées, parmi lesquels ces dernières années le Musée Picasso (« Picasso-Rutault. Grand écart », 2018) ; le Musée national d’art moderne-Centre Pompidou (« D’où je viens où je suis où je vais », 2015) ou le Mamco à Genève (« Des histoires sans fin », 2013).