Photographie

Cent clichés de Duncan

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 23 mai 2022 - 431 mots

À l’occasion de son installation dans le nouveau quartier des arts, Photo Élysée reçoit une exceptionnelle donation de cent clichés de Picasso exécutés par David Douglas Duncan.

Photogénique

Géant du XXe siècle, Pablo Picasso est sans conteste le créateur le plus photographié de son temps, a fortiori dans la seconde partie de sa vie quand sa carrière est à son zénith et sa notoriété internationale. Il a en effet posé devant l’objectif de Man Ray, Brassaï, Willy Ronis, Doisneau, Capa, ou encore d’Henri Cartier-Bresson ; pour ne citer que les photographes les plus célèbres. Sans oublier Dora Maar qui lui a consacré une extraordinaire série documentant la genèse de Guernica.

Donation

Ces clichés et de nombreux autres tirages viennent de rejoindre les collections de Photo Élysée. Le musée de Lausanne s’est en effet enrichi d’une donation exceptionnelle composée de cent clichés vintages exécutés par le photoreporter américain David Douglas Duncan. Cet enrichissement remarquable vient encore consolider l’importance du musée suisse qui a récemment changé d’envergure en s’installant au sein de Plateforme 10, le quartier des arts de Lausanne qui sera inauguré en juin (lire p. 72).

Collaboration

La longue histoire entre Picasso et la photographie ne se cantonne pas au rôle de modèle. Le peintre a de fait noué des collaborations inattendues avec des photographes, à l’image des collages réalisés à partir des clichés d’André Villers. Tandis qu’avec Gjon Mili le peintre a conçu des œuvres expérimentales capturant le processus créatif par le biais de dessins lumineux dans l’espace. Mais le photographe avec lequel il était assurément le plus complice est David Douglas Duncan.

Coulisses

Picasso, conscient qu’il façonne sa légende, se livre comme jamais. Ce reportage au long cours le montre ainsi, tantôt au milieu du fourbi de son atelier méditant face à ses œuvres, tantôt en peintre espiègle, rodé aux codes de la communication, mettant la dernière touche à un tableau, torse nu et la cigarette au coin des lèvres. Duncan capture aussi des moments tendres comme lorsque l’artiste passe au cou de sa compagne Jacqueline un collier en céramique qu’il vient de modeler pour elle.

Intimité

Pendant près de vingt ans, le photoreporter a en effet documenté sa vie. De 1957 à sa disparition en 1973, Duncan lui rend régulièrement visite et immortalise le titan au travail, mais aussi des moments d’intimité. Pour saisir l’instant et se faire oublier, le photographe se fait le plus discret possible en bannissant par exemple le flash. De plus, il utilise un Leica M3D, un appareil fabriqué sur demande doté d’obturateurs extrêmement silencieux, afin qu’il ne dérange pas le génie au travail.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°755 du 1 juin 2022, avec le titre suivant : Cent clichés de Duncan

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