Sex Toys

Au bonheur des dames

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2006 - 704 mots

Qu’est-ce que c’est ? Un marteau à réflexes ou un décapsuleur ? Ni l’un ni l’autre ! Il s’agit de la dernière création de la société L’Orfèvrerie d’Anjou : un godemiché en étain rosé, baptisé Ohmygod. Un « ustensile » qui, ces dernières années, semble effectuer un retour sur le devant de la scène, si l’on ose dire, notamment outre-Manche. Dès 2000 en effet, une étudiante de la célèbre école de mode londonienne Central Saint-Martins, Shiri Zinn, proposait comme recherche finale pour son mastère en « Bijouterie pour la mode » une collection de « Sex Toys – jouets sexuels – pour femmes », mélangeant des matières aussi diverses que l’argent, le quartz, le cristal, la fourrure et la plume. L’année suivante et toujours au Royaume-Uni, c’est la griffe de lingerie et d’accessoires féminins Myla qui prenait pignon à la fois sur la Toile (www.myla.com) et sur rue dans le quartier le plus « branché » de la capitale britannique, Nothing Hill. En 2002, la firme demande à deux designers en vogue, l’Anglais Tom Dixon, actuel directeur artistique d’Habitat, et l’Australien Marc Newson, d’imaginer un… vibromasseur. Le résultat ne s’est pas fait attendre.
Marc Newson a créé Mojo, un « engin » tout rond en silicone doux qui a l’allure d’un presse-citron. « Je ne vois rien d’étrange à dessiner toutes sortes de choses, explique Newson. Du jet privé à l’objet sexuel, il y a évidemment quelques différences techniques, mais la plus grande différence résulte dans l’échelle de l’objet. » Le sien, son « objet », mesure 10 cm de diamètre et 6,5 cm dans sa partie la plus haute. Quant à l’enveloppe en silicone, elle possède deux avantages indéniables : elle rend le moteur quasi silencieux et surtout peut être nettoyée… au lave-vaisselle.
Tom Dixon, lui, a conçu un objet en forme d’os, qu’il appelle justement Bone [« os » en anglais]. « La forme ergonomique de Bone m’a été inspirée par les symboles anciens de la fertilité », indique le designer. L’« outil » fait 22 cm de long, 6 de large et 5 d’épaisseur ; il est fabriqué en résine. Selon Myla, il a un succès tel qu’il existe aujourd’hui une liste d’attente. La raison : Bone, qui est en effet « coulé à la main », ne peut être produit qu’à 30 exemplaires par semaine.

Contact « chaud »
Sans doute est-ce ce vif engouement sur le sujet qui a poussé L’Orfèvrerie d’Anjou à offrir son propre modèle de « jouet sexuel ». Installée à Angers, l’entreprise d’orfèvrerie « depuis 1710 et leader mondial de l’étain brillant dans l’industrie du luxe » est spécialisée dans la fabrication de pièces en étain massif haut de gamme, tels des seaux à champagne ou des habillages pour flacons d’alcool. Pour Éric Berthes, directeur artistique de la marque et auteur du godemiché Ohmygod, cet objet est dans l’air du temps : « Des statistiques montrent que c’est le deuxième produit le plus vendu au catalogue La Redoute », assure-t-il. Le designer n’a donc pas hésité à apporter sa propre vision de la chose : « Habituellement, explique-t-il, un godemiché se tient de manière pas très subtile, comme un manche de pioche. L’un des axes de création a donc été de travailler une prise en main plus ergonomique ». D’où cet anneau situé à l’une des extrémités de cet objet creux qui mesure 24 cm de long et 4,4 cm à son diamètre maximum. Enfin, atout non négligeable : « L’étain alimentaire est un métal à faible température de fusion – il fond à 232 °C, NDLR –, il est donc le seul métal à procurer un contact “chaud”, souligne Berthes. Il suffit de le tenir quelques secondes dans les mains pour qu’il se réchauffe. » Bref, Ohmygod a tout pour plaire… Peut-être le P.-D. G. de L’Orfèvrerie d’Anjou, Emmanuel de Villiers, serait-il inspiré de proposer à son frère Philippe, président du Mouvement pour la France (MPF), d’en user comme emblème pour la campagne présidentielle 2007, au risque toutefois de voir son parti rebaptisé : « Mouvement pour le Plaisir de la Femme »…

Prix du godemiché Ohmygod : 250 euros. Modèle serti d’un diamant, en vente chez Rykiel Women, à Paris : 650 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°245 du 20 octobre 2006, avec le titre suivant : Au bonheur des dames

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