Censure - Russie

En Russie, les activités éducatives plus contrôlées

MOSCOU / RUSSIE

Un projet de loi veut assujettir toute activité éducative, dont les expositions, à autorisation.

Russie. Le 16 mars, la Douma (le parlement) a adopté en troisième et dernière lecture une réforme de la loi russe sur l’éducation, ajoutant d’importantes restrictions à la « diffusion des connaissances en dehors des programmes académiques formels ». Toutes les activités un tant soit peu éducatives seront concernées dès le 1er juin 2021 : expositions, réunions publiques, conférences en ligne et cours de formation.

L’idée est d’empêcher « la mise en œuvre d’un large éventail d’activités de propagande par les forces anti-russes dans le milieu scolaire et étudiant sous le couvert d’activités éducatives » et « des actions visant à discréditer la politique de l’État, à saper l’ordre constitutionnel, ainsi qu’à réviser l’histoire ». Ainsi, toute critique du pacte germano-soviétique, considéré comme justifié par le pouvoir actuel, devient problématique.

La loi a soulevé une tempête de protestations dans les sphères culturelles et scientifiques russes. Les PEN clubs [associations d’écrivains] de Moscou et de Saint-Pétersbourg ont critiqué dans une lettre ouverte « la volonté des auteurs du projet de loi de contrôler les activités éducatives, qui entraînera un certain nombre de conséquences dangereuses » et « deviendra la base d’interdictions arbitraires et de pressions idéologiques sur les organisations éducatives »

Un avant-goût de la censure
Plusieurs conservateurs de musées se sont  également publiquement élevés contre la loi dans une lettre adressée au chef de l’État. Selon les auteurs de la lettre, il s’agit d’une loi de « nature isolationniste » qui « crée des conditions préalables à la censure ». L’appel a été signé par plus d’un millier d’artistes, photographes et galeristes de toute la Russie. Une pétition contre la loi, circulant dans les communautés scientifiques et universitaires russes, a réuni environ 240 000 signatures.

« C’est un projet de loi obscurantiste et archaïque, qui nous renvoie à l’époque soviétique tardive », estime l’historien Nikolaï Svanidze, qui prédit que tous les efforts visant à empêcher l’adoption de la loi sont voués à l’échec, car la décision est politique et a été approuvée « au plus haut niveau ».
 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°564 du 2 avril 2021, avec le titre suivant : En Russie, les activités éducatives plus contrôlées

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