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INVESTIGATIONS

Villa Noailles : Jean-Pierre Blanc au cœur d’un scandale multiple

Par Éva Hameau · Le Journal des Arts

Le 5 juin 2025 - 738 mots

Soupçonné de détention d’images illicites et mis en cause pour sa gestion, le directeur du centre d’art plonge la Villa dans la crise précédent.

Hyères (Var). La situation de Jean-Pierre Blanc, directeur de la Villa Noailles depuis 1997, est encore confuse. Alors que la radio Ici-Provence (ex-France Bleu) affirme qu’il a été notifié de sa mise à pied à titre conservatoire fin mai, Me Laura Millet, son avocate, nie formellement cette version des faits. Même son de cloche du côté de la Villa Noailles : « les faits relatés ne correspondent pas à la réalité », argue le centre d’art en soulignant que Jean-Pierre Blanc s’est mis en arrêt maladie le 26 mai.

« Fausses informations » ou mise à pied bloquée par un arrêt maladie déposé en urgence avant l’officialisation de la procédure ? Une chose est sûre, le centre d’art est en difficulté depuis que sa gestion calamiteuse a été révélée par Ici-Provence. Tout commence par la mise en place d’un audit de l’Inspection générale des affaires culturelles (Igac), diligentée par le ministère de la Culture, dont le rapport, accablant, a été présenté aux partenaires publics du centre d’art à la mi-mars. En 2024, la Villa Noailles aurait accumulé 4 millions d’euros de dette auprès de ses fournisseurs – dette multipliée par trois en l’espace de deux ans. Le centre d’art aurait cependant remboursé 1,2 million d’euros en2025.

Le rapport de l’Igac pointe également les dépenses pharaoniques que le fondateur de la Design Parade a fait passer en frais de déplacement, de mission et de réception en 2023, pour un montant total d’1,2 million d’euros. Des révélations qui font grand bruit, et pour cause : l’État et les collectivités territoriales – Région Sud, Département du Var, Métropole Toulon-Provence-Méditerranée, Ville d’Hyères et Ville de Toulon – financent 60 % du budget de la Villa Noailles, qui s’élève à 6,5 millions d’euros annuels.

Et pour ne rien arranger, Ici-Provence a révélé que Jean-Pierre Blanc faisait l’objet depuis un an et demi d’une enquête pour détention de photographies à caractère pédopornographique. Le 19 novembre 2023, un homme a été placé en garde à vue à la suite d’une plainte pour extorsion déposée par le chantre de la mode au commissariat de Toulon. Le prévenu a assuré aux policiers avoir entrevu des photographies à caractère pédopornographique sur le téléphone du directeur de la Villa Noailles – « allégations que mon client conteste fermement », martèle Me Laura Millet. Jean-Pierre Blanc a été auditionné par la police le jour de l’interpellation, une confrontation avec son accusateur ayant eu lieu dans la foulée. Le directeur du centre d’art a également remis son téléphone aux enquêteurs. L’avocate affirme au Journal des Arts ne disposer d’« aucun élément permettant de démontrer l’existence d’une telle enquête ». Dans le même temps, le journal Le Monde publiait une vaste enquête sur le management toxique de Jean-Pierre Blanc. Pas sûr que le couple Noailles serait ravi de ce qui se passe dans leur maison construite par Robert Mallet-Stevens.

Mise à jour du 9 juin 2025

Le parquet de Toulon dément l'existence d'une enquête visant Jean-Pierre Blanc

Dans un communiqué datant du vendredi 6 juin, le parquet de Toulon a démenti les informations publiées par ici Provence (ex-France Bleu) le 26 mai dernier, puis reprises par plusieurs médias, selon lesquelles le directeur de la Villa Noailles serait « au cœur d'une enquête pour détention d'images à caractère pédopornographique ».
 

Le média local avait annoncé que le jeune hyérois contre lequel Jean-Pierre Blanc avait porté plainte pour extorsion en novembre 2023 avait affirmé aux policiers, lors de sa garde à vue, avoir vu des images à caractère pédopornographique sur le téléphone du directeur de la Villa Noailles. Ici Provence avait alors affirmé l'existence d'une enquête visant Jean-Pierre Blanc, sans préciser la nature de l'organe judiciaire saisi.
 

Me Laura Millet, l'avocate de Jean-Pierre Blanc, qui affirmait au Journal des Arts « ne pas être au courant de l'existence d'une telle enquête », a sollicité le parquet de Toulon début juin pour en avoir la certitude. « Aucune enquête portée à la connaissance du parquet de Toulon n'a été ouverte de ce chef contre Monsieur Jean-Pierre Blanc », affirme le procureur de la République de Toulon, Samuel Finielz dans son communiqué. Il insiste : « Les accusations infondées formulées par un ou plusieurs individus mis en cause pour des faits d'extorsion dont la matérialité est établie ne sauraient permettre d'en déduire que Monsieur Jean-Pierre Blanc est "au cœur d'une enquête pour détention d'images à caractère pédopornographique" ».

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°657 du 6 juin 2025, avec le titre suivant : Villa Noailles : Jean-Pierre Blanc au cœur d’un scandale multiple

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