La cinéaste Valérie Donzelli est la directrice artistique de la prochaine Nuit Blanche, le 7 juin, dans Paris et sa région. Elle l’a pensée comme une rêverie cinématographique.
J’étais d’abord été très étonnée, un peu effrayée car je n’ai jamais fait ça, et en même temps très excitée parce que j’aime les aventures, les défis, ce que je ne sais pas faire.
Non seulement elle ne m’en a pas voulu, mais le scénario qui ouvre la mairie aux femmes réfugiées lui a donné l’idée d’en accueillir un certain nombre dans des salles de l’hôtel de ville de Paris.
Je l’ai imaginée comme je fais mes films c’est-à-dire avec une idée de départ qui est évidemmentla nuit et ce qu’elle représente pour moi, c’est-à-dire un endroit de liberté où l’on peut laisser place au rêve, à l’imaginaire, au repos, contrairement au jour devenu un endroit carcéral où l’on est très contraint. J’ai donc pensé cette Nuit Blanche comme un endroit de résistance par l’art, et j’ai eu envie de mettre en avant le cinéma, de projeter les films dans la rue et les films d’artiste dans des salles de cinéma. Le cinéma est mon outil de résistance et artistique. C’est un art collectif et complet car il est à la fois sonore, narratif, visuel et musical. J’ai donc invité des artistes qui travaillent dans cet esprit-là et dans un rapport au collectif, à l’écologie et à l’environnement. Je n’ai pas eu envie de travailler sur des choses qui en mettent plein la vue mais sur la fragilité et la poésie de l’art. L’installation sonore, dans les Catacombes, de poèmes qui parlent de la nuit, de la résistance et de l’art s’inscrit par exemple dans cette veine comme le film d’animation de Michel Gondry en papier découpé qui raconte les aventures de Blanche Nuit.
Je ne pense pas forcément à eux quand je réalise un film ou travaille pour la Nuit Blanche. Ce qu’ils m’ont appris, c’est que l’art n’est pas quelque chose que l’on décide mais qui s’impose à vous et que l’on fait tout le temps. J’ai grandi dedans. Quand j’allais chez mon grand-père, la première chose qu’il me donnait était un papier et un crayon, et me disait : dessine. À l’époque, on regardait la télévision, je dessinais ce que je voyais sur l’écran. Il ne me disait jamais c’est bien ou pas bien, il n’était pas dans le jugement. Mon grand-père m’a encouragée à faire et à ne pas se juger quand on fait, sinon on ne fait rien. Mon père, qui est mort l’an dernier, a beaucoup souffert de son enfance très pauvre et s’est construit à l’opposé de son père en faisant des études de droits. Il a été toute sa vie malheureux au travail et a eu très peur quand j’ai décidé d’arrêter mes études d’architecture pour faire du cinéma. Il m’a dit : « Tu finiras clocharde. » C’était un très bon dessinateur humoristique. Quand il était à l’hôpital, il dessinait beaucoup. C’est ce qui l’a fait tenir.
J’adorerais mais je ne dessine pas beaucoup. Et quand j’écris des scénarios, pas du tout. J’écoute de la musique. J’aimerais m’y remettre, mais le dessin demande de l’entraînement…
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La gratuité prévaut pour toute la programmation de la Nuit Blanche, y compris les films d’artistes projetés dans des salles de cinéma dont celles aux 7 Parnassiens dans le 14e arrondissement de Paris.
7-8 juinLa 24e Nuit blanche se tient dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 juin avec des projections de films et des événements artistiques proposés dans différents espaces publics, lieux culturels, musées… (www.paris.fr/nuit blanche).
« L’idée de la Nuit Blanche était de faire interpréter la ville par des artistes et non pas simplement demander à des artistes de venir s’exposer dans la ville. C’était une façon de transformer la ville par la création artistique. » Jean Blaise, DA de la 1re Nuit Blanche (2002), France Culture, 01/10/2022.
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Valérie Donzelli : « J’ai pensé cette Nuit Blanche comme un endroit de résistance par l’art »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Valérie Donzelli : « J’ai pensé cette Nuit Blanche comme un endroit de résistance par l’art »









