USA : la technologie

Le Journal des Arts

Le 3 janvier 1998 - 553 mots

Pour damer le pion aux voleurs, les musées américains s’équipent en systèmes de sécurité à la pointe de la technologie. Une politique coûteuse et sans fin, mais qui semble porter ses fruits : depuis le début de la décennie, le nombre d’objets dérobés a considérablement chuté.

Depuis “l’affaire du siècle” au Musée Isabella Stewart Gardner de Boston, en 1990, les musées des États-Unis ont considérablement renforcé leurs systèmes de sécurité. Pour Steve Keller, conseiller en matière de protection contre le vol, “les chiffres sont éloquents. Depuis deux ans, la baisse des infractions est nette. Les vols les plus récents ont eu lieu principalement en Europe. Les œuvres d’art y sont souvent exposées dans des institutions de plus petite taille, aux systèmes de sécurité insuffisants, faute de moyens”. De 1991 à 1996, l’Art Loss Register (voir page 10) a tout de même enregistré quelque 9 000 vols d’objets d’art américains, dont près de 700 dans des musées.
Il existe un nombre im­pressionnant de tactiques de vol : commandos ar­més, experts en visite ou personnel du musée. Mais les établissements ont su s’adapter afin de contrecarrer chacune de ces attaques potentielles. À présent, les systèmes de sécurité ont atteint des degrés de sophistication considérable. “Les voleurs ont recours à des technologies de pointe. Il faut vraiment tout prévoir”, rappelle Steve Keller. Selon James J. Davis, chef du service de sécurité à la National Gallery of Art de Washington et président du comité permanent des directeurs de musées américains pour la sécurité, les établissements ont fait un gros effort d’équipement au cours des dix dernières années. Ils disposent de mini-caméras couleurs capables de filmer en faible lumière, de détecteurs d’intrusion haute sen­sibilité, de barrières infrarouges, et même de détecteurs de présence à transmission sans fil que l’on peut fixer directement sur les objets.

Dépenses colossales
Mais ces installations de prévention représentent des dépenses colossales pour les musées. Elles ne sont souvent mises en place qu’à la faveur d’un réaménagement global. D’autre part, pour réduire des coûts d’exploitation toujours plus élevés, les musées remplacent leurs gardiens par des systèmes de caméras en circuit fermé. Les musées de petite taille, qui n’ont pas les moyens d’engager un nombre suffisant de gardiens, deviennent la cible privilégiée des cambrioleurs. A contrario, la Smithsonian Institution, qui dispose d’environ 1 000 agents de surveillance, ne déplore aucun vol important depuis vingt ans, et ce malgré le taux de fréquentation élevé de ses seize établissements. Le risque de détournements organisés de l’intérieur reste cependant omniprésent.

Marché calme
Eric Fisher, expert chez Hun­tington, l’une des plus grandes compagnies d’assurances d’œuvres d’art aux États-Unis, explique que les musées contractent une assurance tous risques pour leurs collections et les prêts temporaires. Ils fixent un valeur d’assurance ne représentant que les pertes susceptibles de survenir en une seule fois, et non la valeur totale des collections. Dans le cas de prêts importants, la couverture est élargie. Le prix des polices annuelles a un coût sensiblement équivalent d’un musée à l’autre. En comparaison avec d’autres secteurs d’activité, les taux ne sont pas très élevés, car on considère que les grands musées ne présentent pas de risques importants. “Le marché est plutôt calme à présent, confie Eric Fisher, et les assureurs feraient n’importe quoi pour vendre leurs services à des musées. Le moment est donc bien choisi pour contracter une assurance.”

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°51 du 3 janvier 1998, avec le titre suivant : USA : la technologie

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