Une scène contemporaine active

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 24 septembre 2004 - 949 mots

Des centres d’art, des lieux alternatifs, des galeries, Genève dispose depuis une dizaine d’années de nombreuses structures d’art contemporain. Un foyer qui rivalise avec les villes de Suisse alemanique.

Musées, centres d’art, structures associatives et galeries, la création contemporaine a trouvé à Genève un terrain propice. Depuis 1974, le Centre d’art contemporain de la ville (Kunsthalle, pour les germanophones) a connu une activité régulière, tout comme le Musée d’art et d’histoire qui n’hésite pas à consacrer des expositions à l’art du XXe siècle. Mais c’est surtout depuis une dizaine d’années que la ville a vu se multiplier des initiatives propres à l’établir comme un lieu incontournable pour les arts plastiques. « Depuis 1994, année de l’ouverture d’Attitudes, la situation a largement évolué, explique Olivier Kaeser, cofondateur avec Jean-Paul Felley de cet espace associatif. Genève est aujourd’hui la seule ville de Suisse à disposer d’une telle diversité de structures (le Mamco [Musée d’art moderne et contemporain, lire p. 17], le Centre d’art contemporain, le Centre pour l’édition contemporaine, le Centre pour la photographie, le Centre pour l’image contemporaine) et une vitalité du secteur associatif, domaine désormais moins actif à Bâle et à Zurich. »

Orientation expérimentale
Comme Forde, autre espace associatif genevois, Attitudes ouvre ses portes en 1994, la même année que le Mamco. Installé depuis 2001 dans un bâtiment industriel qui lui offre 170 m2 d’espace d’exposition, Attitudes fêtera ces dix ans par une programmation en trois temps (expositions, événements et cycle vidéo), du 23 octobre au 18 décembre, avec nouveaux venus et familiers d’un lieu passeur et découvreur. Sa position intermédiaire est symbolique de la scène suisse francophone, qui a su acquérir à partir de son engagement local une dimension internationale. Cette orientation expérimentale, comprise dans une réflexion et des circulations plus vastes, est partagée par Forde. Basé à l’Usine, ce centre culturel autogéré a été créé en 1989 par trois artistes (Alexandre Bianchini, Fabrice Gygi et Nicolas Reuben) pour produire des expositions en dehors des contraintes commerciales et institutionnelles. Forde a aussi servi de plate-forme pour la mise en œuvre de projets curatoriaux, l’espace ayant pour particularité de changer de direction tous les dix-huit ou vingt-quatre mois. Nouveau venu, le Français Julien Fronsacq y présentera en octobre une exposition collective avec Karina Bisch, Nicolas Chardon, Philippe Decrauzat et Wade Guyton. Un peu plus tard dans la saison, Forde publiera un ouvrage pour souffler ses dix bougies. La longévité de ces deux structures ne doit pour autant pas masquer leurs incertitudes quotidiennes, liées à leurs financements croisés, privés et publics, qui sont le lot commun de la plupart des institutions suisses. Fondé en 2001 à partir du Centre genevois de gravure contemporaine (actif depuis 1966), le Centre d’édition contemporaine travaille ainsi à partir d’un budget dont la part publique oscille entre 50 % et 70 %, le reste étant assuré par des dons, recettes propres et opérations de mécénat. Un panachage qui permet à l’association d’assurer des missions de production, de diffusion et d’exposition liées à l’édition. C’est dans ce cadre que seront présentées, à partir du 29 octobre, une série d’héliogravures inédites réalisées par le Viennois Florian Pumhösl à partir de l’imaginaire moderniste des années 1920. Fondation pour les arts de la scène et de l’image, le Centre pour l’image de Saint-Gervais installé dans le quartier de la gare de Genève (Saint-Gervais), fonctionne lui aussi à partir d’un financement mixte. Ces dernières années, avec la Biennale de l’image en mouvement (BIM), le lieu a acquis un rôle central, fédérant à l’occasion de l’événement nombre de structures de la ville. Cela sera également le cas en novembre pour la dixième édition de Version, la biennale informatique organisée par le Centre. Consacrée aux représentations de la ville par le biais des nouvelles technologies, celle-ci se déroulera en collaboration avec Attitudes, l’École supérieure des beaux-arts de la ville ou encore le Centre de la photographie. Ce dernier, fondé en 1984 par Michel et Michelle Auer et soutenu par la municipalité, a pris avec l’arrivée en 2001 de son nouveau directeur Joerg Bader un tournant résolument contemporain. Se focalisant sur « une photographie qui peut porter à la discussion », il aborde des champs aussi divers que l’urbanisme ou l’anthropologie. Aujourd’hui situé dans la Maison des arts du Grütli, le Centre devrait encore évoluer puisque son avenir se jouerait au sein de BAC 3. L’abréviation désigne le Bâtiment d’art contemporain hébergeant le Mamco, le Centre d’art contemporain et les trois institutions qui sont appelées à le rejoindre prochainement, le Centre pour l’image contemporaine, le Centre d’édition contemporaine et le Centre de la photographie. Soit une belle con(temporaine) fédération helvétique.

Des galeries dans le bain

Dans le domaine des galeries également, Genève n’a jamais cessé d’évoluer. Citons ainsi la galerie Blancpain Stepczynski, ouverte en 1989 et qui, depuis 1999, s’est installée au 3, rue Saint-Léger. Ici aussi, l’activité passe par des collaborations régulières. Intégrant le Mamco et le Centre d’art contemporain de Genève, l’association d’art contemporain Quartier des Bains présidée par Pierre Huber (Galerie Art&Public), figure centrale du marché de l’art contemporain suisse, profite de la proximité de nombreuses enseignes pour proposer depuis plusieurs mois maintenant des activités et des vernissages communs. Les galeries Analix Forever, Andata Ritorno, Guy Bärtschi, Edward Mitterand, EverGreene, Skopia, mais aussi les agences de conseil en art LS Art Curators of Collections et BFAS Blondeau Fine Art Services, toutes deux associées dans la rénovation du bâtiment industriel du 5, rue des Muses, participent à une initiative commune dont les prochaines dates phares seront le 17 mars 2005, le 19 mai 2005 et le 19 septembre 2005. - Association du Quartier des Bains, BFAS, Cendrine Pouzet, 5, rue de la Muse, Genève, quartierdesbains@vtxnet.ch, tél. 41 225 44 94 95.

- Forde, 11, rue de la Coulouvrenière, 4, place des Volontaires, Genève, tél. 41 22 321 68 22. - Centre d’art contemporain, 10, rue des Vieux-Grenadiers, Genève, tél. 41 22 329 18 42, www.centre.ch - Centre pour l’image contemporaine, Saint-Gervais, 5, rue du Temple, Genève, Suisse, tél. 41 22 908 20 20, www.centreimage.ch - Attitudes, 4, rue du Beulet, Genève, tél. 41 22 344 37 56, www.attitudes.ch - Centre d’édition contemporaine, 18, rue Saint-Léger, Genève, tél. 41 22 310 51 70. - Centre de la photographie, 16, rue du Général-Dufour, Genève, tél. 41 22 329 28 35.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°199 du 24 septembre 2004, avec le titre suivant : Une scène contemporaine active

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