Taxe

Sauver Venise

Un projet de loi italien envisage de mettre les touristes à contribution

Le Journal des Arts

Le 4 novembre 2010 - 319 mots

Les 17,5”¯millions de visiteurs annuels que compte Venise vont devoir contribuer au financement de la ville.

C’est en tout cas l’une des propositions émises pour le projet d’une nouvelle « Legge speciale per Venezia » (loi spéciale pour Venise) formulée par Renato Brunetta, ministre italien chargé de la Fonction publique et de l’Innovation. La municipalité recevrait les fonds générés par une taxe imposée à tout voyageur empruntant les vols pour l’aéroport Marco Polo, les trains grandes lignes entrant en gare de Venise, et les quelque 500 navires de croisière jetant l’ancre dans la lagune chaque année. Les cars de tourisme font déjà l’objet d’une telle taxe (entre 50 et 400 euros par véhicule). D’après les prévisions, cette dîme ne rapporterait guère que 25 millions d’euros par an, et son cadre de dépense n’est pas encore défini. Pas plus que n’est budgété un plan à long terme de sauvegarde de la ville et de son patrimoine immobilier.
Le mois dernier, le maire de Venise, Giorgio Orsoni, annonçait que la réfection des bâtiments nécessitait à elle seule 107 millions d’euros. Mais la sauvegarde de la ville sera beaucoup plus onéreuse : les barrières mobiles isolant la lagune de la mer Adriatique (dont la construction doit s’achever en 2014) coûtent plus de 4 milliards d’euros, et leur entretien annuel autour de 50 millions d’euros ; l’équilibre hydrodynamique de la lagune doit être rétabli ; les défenses côtières doivent être renforcées et un moyen de lutter contre la montée du niveau moyen de la mer doit impérativement être trouvé.
Ce projet de loi spéciale entend aussi relier le financement de la ville au développement économique de la région (Vénétie), en proposant notamment une taxe sur les industries de l’énergie. S’il multiplie les suggestions positives, il est cependant clair que ce projet viendra remplacer les subventions généreuses que la ville recevait grâce à l’ancienne loi spéciale de 1984 (592 millions d’euros en 2002). Les revenus suggérés suffiront-ils ? Brunetta lui-même n’est pas en mesure de le dire.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°334 du 5 novembre 2010, avec le titre suivant : Sauver Venise

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