Justice - Vol

Rouen, une association réclame le retour de vitraux volés et aujourd’hui aux États-Unis

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 25 janvier 2024 - 400 mots

ROUEN

Dérobés il y a plus d’un siècle, les vitraux de la cathédrale de Rouen sont aujourd’hui conservés dans trois musées américains.

Arrivée de Théodose à Ephèse, scène de la légende des Sept dormants d'Ephèse, vitrail du début du XIIIe siècle conservé au Metropolitan Museum of Art de New York et provenant de la cathédrale de Rouen. Public domain
Arrivée de Théodose à Ephèse, scène de la légende des Sept dormants d'Ephèse, vitrail du début du XIIIe siècle conservé au Metropolitan Museum of Art de New York et provenant de la cathédrale de Rouen.
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L’association parisienne Lumières sur le patrimoine a porté plainte mi-décembre 2023 auprès du procureur de la République de Rouen pour recel de vol de vitraux de la cathédrale de Rouen. Elle demande que les six vitraux, volés à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, retrouvent leur emplacement d’origine. Ils sont actuellement dispersés dans trois musées américains : le Glencairn Museum à Bryn Athyn (Pennsylvanie), le Worcester Art Museum (Massachusetts) et le Metropolitan Museum of Art (New York).

Pour Philippe Machicote, le président de l’association, il est légitime de réclamer la restitution de ces vitraux puisque ce sont des « trésors nationaux imprescriptibles et inaliénables », qui appartiennent à l’État depuis le Concordat de 1801. Il enjoint donc l’État et le ministère de la Culture de faire une demande de restitution officielle.

Le vol de cinq des vitraux a été documenté par l’archéologue et historien de l’art Jean de Lafond (1888-1975), qui les avait précédemment inventoriés (en 1911) puis entreposés dans des caisses durant la restauration de la cathédrale. Vingt ans plus tard, il constate leur disparition. « Lorsqu’on ouvrit les caisses en 1931, à l’occasion d’une exposition d’art religieux ancien, on n’y trouva guère que des panneaux en lambeaux, de simples débris, quelques bordures et… des pierres », décrit-il dans un article publié en 1972 dans le Bulletin de la société nationale des antiquaires de France.

Les vitraux ont ensuite été vendus sous le manteau. « Passés clandestinement par le marché parisien, ces vitraux ont fini par se retrouver dans les mains de collectionneurs américains et, après leur mort, dans des musées » explique Philippe Machicote au journal Ouest France.

Ces cinq panneaux proviennent de la verrière des Sept Dormants d’Éphèse de la cathédrale de Rouen, qui date du XIIIe siècle et illustre le récit de jeunes chrétiens qui, persécutés pour leur foi, ont fui et se seraient endormis dans une caverne pendant de longues années. Le sixième panneau serait issu d’une des chapelles de la nef, mais son parcours est plus difficile à retracer.

En septembre 2023, l’association Lumières sur le patrimoine avait déjà déposé une plainte contre Sotheby’s, pour la vente aux enchères en 2015 de deux vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Paris, disparus depuis plus de deux siècles. La plainte avait été rejetée par le parquet de Paris.

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