Quand les institutions ouvrent leurs fonds

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 5 mars 2004 - 751 mots

Pour la Ve Semaine du dessin, orientée sur le thème « Un Palais – des dessins », les musées ont laissé libre cours à leur imagination. Certains ont joué la carte du rapport à l’architecture.

A l’occasion de la 5e édition de la Semaine du dessin, qui se tiendra du 15 au 21 mars dans la capitale, une quinzaine d’institutions, en accord avec le thème retenu pour 2004 « Un Palais – des dessins », ouvrent les portes de leur cabinet d’art graphique généralement fermé au public ou proposent des accrochages inédits. Cette année, quatre nouvelles institutions – et non des moindres, s’agissant du Musée du Louvre, d’Orsay, du Centre Pompidou et du Muséum d’histoire naturelle – participent à cette Semaine du dessin.
À partir du 17 mars, le Louvre présentera une grande partie de son propre fonds de dessins d’Ingres (1780-1867), ainsi « ses portraits à la mine de plomb qui constituent une véritable “Comédie humaine” mais aussi quantité d’études et de dessins préparatoires pour ses grandes compositions historiques et ses tableaux de nus, depuis l’Œdipe et le sphinx jusqu’au célébrissime Bain turc », indique Louis-Antoine Prat, commissaire de l’exposition. Aux amateurs de feuilles anciennes s’adressent les précieux Dessins de la Renaissance de la collection de la Bibliothèque nationale de France. L’institution a réuni plus d’une centaine d’œuvres d’une quarantaine d’artistes européens de la fin du XVe au début du XVIIe siècle provenant de son fonds, riche de plus de cent mille feuilles. La modernité est notamment illustrée par l’exposition de dessins de Cy Twombly au Centre Pompidou (lire le JdA n° 187, 20 février 2004). Ce sera également l’occasion de découvrir le nouvel accrochage de la galerie d’art graphique du Musée national d’art moderne, soit 400 œuvres sur papier issues de la collection permanente – comprenant 18 000 dessins dont certains provenant de fameux fonds historiques (Delaunay, Kupka, Chagall, Kandinsky, Matisse, Miró…) – et présentées dans le parcours du musée.

Tiré au cordeau
Alors que le Salon du dessin emménage dans son nouveau palais (lire p. 18), la Semaine du dessin fait tout naturellement honneur au dessin d’architecture. Le Musée d’Orsay salue l’œuvre de François Garas (1866-1925), un architecte mystérieux un rien rebelle dont on sait très peu de chose. On lui doit de singulières compositions utopiques. Ses projets jamais réalisés, des Temples pour des religions futures dédiés à Beethoven et à Wagner comme à la Vie, la Mort ou la Pensée, semblent émerger d’un monde fantastique.
À l’exemple du Muséum d’histoire naturelle, certains lieux qui conservent des dessins semblent ennoblis par les œuvres elles-mêmes. Le Muséum a succédé en 1793 au Jardin du roi, embryon d’un centre de recherche créé en 1635 pour tous les domaines de l’histoire naturelle. À travers une sélection de dessins architecturaux et de plans de jardins dont une rare composition sur vélin de 1636 issue de la collection du roi, les archives de l’institution retracent l’historique du Muséum et de son site du Jardin des Plantes. Le Musée Carnavalet expose, conjointement avec le Musée du Louvre  et pour la première fois, des dessins du fonds Brongniart. La Bourse de Paris, œuvre maîtresse de l’architecte, a quelque peu occulté ses autres réalisations comme de très beaux hôtels parisiens de style néoclassique, le couvent des Capucins (actuel lycée Condorcet) ou encore la nécropole du Père-Lachaise. En complément au Musée Carnavalet, la bibliothèque historique de la Ville de Paris présente des dessins d’architecture illustrant Paris. Le Musée Cognacq-Jay a mis l’accent sur l’architecture intérieure et le décor tels qu’ils apparaissent dans les nombreuses scènes de genre de petits maîtres du XVIIIe siècle : comme Debucourt, Mallet ou Lavreince. « Certaines œuvres, trop fragiles, seront sorties des réserves à cette occasion », annonce l’institution. Quant au Musée Bourdelle, il nous fait malicieusement revivre la polémique entre les traditionalistes et les modernistes qui fit rage lors de la construction du Théâtre des Champs-Élysées, inauguré en 1913. Il montre le rôle que joua Bourdelle, chargé des sculptures du décor intérieur et extérieur du monument, dans le remaniement des projets architecturaux successifs de la façade. Le conseil d’administration du théâtre s’adressa deux fois au sculpteur pour tenter de sortir de l’impasse dans laquelle le projet se trouvait. Et, par deux fois, Bourdelle, croquis à l’appui, fit des propositions qui surent obtenir l’agrément des commanditaires.

Consulter www.salondudessin.com pour la liste complète des institutions qui participent à la Ve Semaine du dessin. Pour l’inscription aux visites (par groupe de 10 à 15 personnes), un numéro unique : 01 45 22 61 05.

Dessins au quartier Drouot

Le quartier Drouot (à Paris 9e) se met au diapason de la Semaine du dessin. Ainsi 14 galeries proposent, du 12 au 25 mars, un accrochage d’œuvres sur papier du XVIe au XXe siècle. Rens. 01 47 70 43 30, www.quartier-drouot.com - « Dessins du XVIe au XXe siècle », galerie Alexis Bordes, 19, rue Drouot, tél. 01 47 70 43 30. - « Œuvres sur papier de 1890 à 1930 », galerie Sabine Vazieux, 16, rue de Provence, tél. 01 48 00 91 00. - « Symbolistes et mystiques », galerie Laura Pêcheur, 16, rue de la Grange-Batelière, tél. 01 47 70 04 38. - « Jeux d’enfants », galerie Jouffroy, 64, passage Jouffroy, tél. 01 45 23 02 57. - « Nouvelles acquisitions », galerie Julie Maillard, 11, passage Verdeau, tél. 01 42 46 53 20. - « Œuvres sur papier de 1830 à nos jours », Galerie AB, 14, rue de la Grange-Batelière, tél. 01 45 23 41 16. - « Sous le signe de l’exotisme, pastels et aquarelles », galerie Vincent Lécuyer, 12, rue de la Grange-Batelière, tél. 01 42 46 05 74. - « Nouvelles acquisitions », galerie Rodolphe Chamonal, 5, rue Drouot, tél. 01 47 70 84 87. - « Dessinateurs et paysagistes, du XVIIe au XXe siècle », galerie Frédérick Chanoît, 12, rue Drouot, tél. 01 47 70 22 33. - « Aquarelles, dessins et pastels du XVIIIe au XXe siècle », galerie Amicorum, 19, passage Verdeau, tél. 01 48 01 02 41. - « Dessins du XVIe au XXe siècle », Galerie Accart, 29, rue Richelieu, tél. 01 40 20 90 28. - « La Foule », galerie Sophie Marcellin et Denis Ozanne, 18, rue de Provence, tél. 01 48 01 02 37. - « Nouvelles acquisitions », galerie Jean-François Chabolle, 18, rue de Provence, tél. 01 42 47 18 95. - « Œuvres sur papier de 1850 à 1960 », galerie Agnès Thiebault, 2, rue de Provence, tél. 01 42 46 59 62.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°188 du 5 mars 2004, avec le titre suivant : Quand les institutions ouvrent leurs fonds

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