Graphisme

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Philippe Apeloig, la passion des mots

Par Gilles de Bure · L'ŒIL

Le 1 mai 2001 - 542 mots

Au Panthéon de Philippe Apeloig, un livre au titre diablement symptomatique : Les mots de Jean-Paul Sartre. C’est que Philippe Apeloig sait à merveille triturer les mots, leur donner force. D’abord, avant toute chose, lire : Sartre, certes, mais également Kafka, et puis Philip Roth et Isaac Bashevish Singer, Guy de Maupassant et Georges Pérec... Avec une tendresse particulière pour Simone de Beauvoir. Philippe Apeloig est un graphiste passionné de littérature, de musique, de danse, d’architecture, d’écriture, quelle que soit la forme qu’elle emprunte. Autant dire qu’un lecteur aussi fervent, aussi affamé lorsqu’il s’agit d’écrire, sait de quoi il retourne. Ecrire, c’est donner à lire, donner à voir, donner à comprendre, donner à ressentir. Rien d’étonnant, dès lors, à l’entendre affirmer d’une voix douce et réservée : « Notre responsabilité, en tant que graphistes, est de faire évoluer le regard du spectateur sans la provocation ni le scandale dont usent les publicitaires, mais par le subtil, le fragile, le sublime ». Responsabilité. Un mot essentiel dans la galaxie Apeloig. Non pas une responsabilité militante, mais celle d’un engagement personnel et singulier, ce qui est autrement passionnant.
Diplômé de l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs, il y reviendra quelques années plus tard en tant que professeur de typographie. Entre temps, il aura été graphiste intégré au Musée d’Orsay (la sublime affiche de l’exposition « Chicago, naissance d’une métropole » est encore dans toutes les mémoires) ; effectué deux passages à Amsterdam chez Total Design, la Mecque du design graphique hollandais ; travaillé un an à Los Angeles avec April Greiman, pionnière du graphisme sur ordinateur ; créé des affiches, des logotypes et des caractères, notamment pour le Festival d’octobre en Normandie, le Carré d’Art à Nîmes, la Fête du Livre d’Aix-en-Provence, le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, l’Ecole des Arts décoratifs, le Grand Louvre, l’Imprimerie nationale, les éditions Odile Jacob... En 1998, Apeloig remplace un ami, professeur à la Rhode Island School of Design. C’est le choc : « En France, le graphisme est trop souvent le parent pauvre. On y est toujours tiré vers le bas. L’envie de grandir s’est transformée, là-bas, en envie de partir pour New York ». Il n’y connaît personne, mais postule pour un poste à la Cooper Union School of Art. Contre toute attente, il est sélectionné dans la short list, puis choisi. Il est donc dorénavant installé dans ce qu’il appelle « la première grande ville du nouveau monde qui est aussi la dernière grande ville européenne ». Il s’y sent à l’aise et inspiré, professe, donne conférences et lectures à travers tous les Etats-Unis, travaille pour des clients tels que l’American Jewish Society, l’Université du Kentucky, l’AIGA, Silver Stream, pour lesquels il réalise affiches, logos, publications... Il a même conçu et réalisé, là-bas, le programme du Sommet européen de Nice, entièrement expédié vers la France par Internet.
Après Bordeaux, Tokyo, Osaka et New York, à 39 ans, Philippe Apeloig s’expose enfin à Paris,
à la galerie Anatome et publie simultanément, aux éditions Lars Müller, un livre où il est question de typographie, de lettres, d’images, de mémoire visuelle et de sens. Et naturellement intitulé
Au cœur du mot.

- PARIS, galerie Anatome, 38, rue Sedaine, tél. 01 48 06 98 81, 11 mai-28 juillet.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°526 du 1 mai 2001, avec le titre suivant : Philippe Apeloig, la passion des mots

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