États-Unis

À New York, des activistes veulent « abolir » le MoMA

Par Barthélemy Glama, correspondant à New York · lejournaldesarts.fr

Le 26 mars 2021 - 514 mots

NEW YORK / ÉTATS-UNIS

Un collectif réunissant plusieurs associations va démarrer en avril dix semaines d’actions contre le musée.

Patio du MoMA à New York, à partir de la terrasse du Café, octobre 2006 © Alsandro
Patio du MoMA à New York, octobre 2006.
© Alsandro

Une coalition d’artistes, de groupes militants et d’anciens employés du Museum of Modern Art de New York (MoMA) a annoncé le lancement d’une grande opération de dix semaines pour dénoncer « l’élitisme », le « racisme » et la « misogynie » de l’institution. Les membres de ce collectif souhaitent ni plus ni moins « abolir » le musée dans sa forme actuelle.

Baptisée « Strike MoMA » (jeu de mot sur le verbe anglais « to strike » qui signifie à la fois « faire grève » et « faire tomber »), cette opération débutera le 9 avril. Parmi les actions envisagées, la coalition prévoit une série de débats publics, des ateliers d’écriture et de formation, des campagnes d’agitprop et d’action directe. À l’issue de ces dix semaines, une synthèse devra montrer le chemin d’une « transition juste vers un avenir post-MoMA » qui donne la priorité « aux travailleurs, aux communautés locales et aux artistes plutôt qu’aux milliardaires ».

Cette annonce, co-signée par treize associations, intervient alors que le MoMA essuie depuis plusieurs mois de sévères critiques dirigées contre certains des membres de son conseil d’administration. Dans une lettre ouverte adressée au directeur du musée en octobre 2019, 220 artistes, conservateurs et universitaires demandaient que Larry Fink, PDG de la société BlackRock et grand mécène du musée, « cesse de financer l’incarcération de masse, l’effort de guerre et la destruction de l’environnement ». Ils reprochent spécifiquement à Fink la participation de son groupe dans la construction et la gestion de centre de détention privés pour migrants à travers les États-Unis.

En février dernier, une nouvelle lettre, co-signée notamment par Ai Weiwei et Nan Goldin, demandait cette fois la démission du président du conseil d’administration, Leon Black. C’est la diffusion d’un rapport confirmant ses liens d’affaires avec Jeffrey Epstein après la première condamnation de celui-ci pour trafic de mineures en 2008 qui a mis le feu poudre. Black, également propriétaire d’une version du Cri d’Edvard Munch exposé dans les galeries du musée, a dû quitter ses fonctions de président et directeur général de la société d’investissement Apollo Global Management suite à ces révélations. Il n’a toutefois pas souhaité mettre fin à son mandat au MoMA. Depuis, les manifestations se succèdent devant le célèbre immeuble de la 53e rue.

« Strike MoMA » vient aujourd’hui canaliser et organiser ce mouvement de contestation. Signe qu’une nouvelle étape est franchie, l’opération entend dépasser les questions de personnes : « Que Black reste ou s’en aille, un consensus s’est dégagé : bien davantage que l’identité des membres de son conseil d’administration, le problème, c’est le MoMA lui-même ». Les militants ne reprochent pas seulement à l’institution de protéger ses riches bienfaiteurs ; ils en ont aussi après son « histoire » et son caractère de « temple » de la « mythologie blanche ». Dans un contexte national encore marqué par les grandes manifestations antiracistes de 2020, ces accusations ne sont pas anodines.

Le musée n’a pas souhaité répondre à nos questions.

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