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Mystérieuses disparitions à Lunéville

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2007 - 629 mots

Plusieurs objets d’art religieux ont disparu du presbytère de l’église Saint-Jacques dans des conditions étranges.

LUNÉVILLE - La petite sous-préfecture de Meurthe-et-Moselle bruisse depuis plusieurs mois de mille rumeurs. Plusieurs pièces conservées à l’intérieur du presbytère de l’église Saint-Jacques ont en effet étrangement disparu dans le courant de l’année 2006. Propriété de la commune de Lunéville et inscrit dans sa totalité sur l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH), le bâtiment était loué jusqu’au 31 mai 2006 à la paroisse. Or, dès le mois de janvier 2006, à l’occasion d’un inventaire destiné à dissocier les biens appartenant à la commune de ceux de la paroisse, plusieurs disparitions ont été constatées. Les objets concernés, de valeur diverse, comprennent notamment un buste reliquaire d’évêque, un ensemble de serrures ouvragées du XVIIIe siècle, deux dalmatiques, plusieurs sculptures en plâtre et des statues religieuses. Le cas le plus inquiétant se rapporte à une grande Vierge en argent datée du début du XIXe siècle et inscrite sur l’ISMH. Constatant sa disparition sans effraction, le curé de la paroisse puis la municipalité, propriétaire de l’objet, déposent plainte fin janvier. Une photographie de la Vierge en argent est alors communiquée à l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), cliché publié dans La Gazette de l’hôtel Drouot datée de juin 2006. Le 26 janvier 2006, Michel Closse, maire de Lunéville, adresse une lettre au Père Jean-Marie Pierron l’informant que les meubles pour lesquels la certitude de propriété n’a pas été établie ne doivent faire l’objet d’aucun déplacement et encore moins d’une vente. Quelques mois plus tard, alors que l’inventaire se poursuit, personne ne parvient à remettre la main sur deux anges ainsi que sur des pots à feu provenant d’un autel du XVIIIe siècle. Celui-ci avait été démonté puis entreposé dans les sous-sols du presbytère après une restauration. Une seconde plainte est alors déposée en juillet par la Mairie qui alerte la direction régionale des Affaires culturelles. Quelques jours plus tard, les pots à feu, dépoussiérés, sont découverts dans un grenier, mais il est impossible de remettre la main sur les angelots. La municipalité prend alors la décision de transférer vers les réserves du château tous les biens mobiliers lui appartenant.

200 vols d’objets de culte en 2006
Sujet de friction entre la paroisse et la Mairie, l’affaire tourne à l’affrontement lorsque la Société des amis de Lunéville révèle publiquement, en avril, ces disparitions et demande des comptes. Piqué au vif, Michel Closse précise alors que, jusqu’au 31 mai, seuls les membres de la paroisse étaient dépositaires des clefs et que des mouvements suspects autour du presbytère ont été signalés aux services du diocèse. Dans une lettre adressée le 15 avril à ses paroissiens et distribuée lors de l’office, le Père Jean-Marie Pierron se contente de s’étonner de ces manques. De son côté, la Mairie regrette « le silence assourdissant de l’évêque, qui n’a donné aucune réponse aux demandes de rendez-vous du maire ». L’enquête est pour l’heure au point mort et les objets envolés.

Les disparitions d’objets religieux sont hélas monnaie courante (lire ci-contre). Selon les statistiques de l’OCBC, 2 751 œuvres d’art ont été volées dans le courant de l’année 2006. Plus de deux cents de ces objets ont été dérobés dans des lieux de culte, chiffre en augmentation constante depuis plus de dix ans alors que les vols dans les habitations privées, grâce à une sensibilisation aux mesures de prévention, ont marqué un net repli. Beaucoup de ces objets sont ensuite écoulés très facilement sur Internet. Début juillet, Interpol, l’Unesco et l’Icom (Conseil international des musées) diffusaient ainsi une déclaration commune visant à alerter de l’importance du volume des ventes d’œuvres d’art volées sur les sites d’enchères en ligne. Les trois organismes appelaient les pays membres à prendre un certain nombre de mesures élémentaires, notamment en incitant les sites à coopérer avec les services de police.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°265 du 21 septembre 2007, avec le titre suivant : Mystérieuses disparitions à Lunéville

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