Les antiquités d’aujourd’hui

L’Art déco et les années 40 se sont installés

Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2000 - 480 mots

Les records succèdent aux records en Art déco, qui a connu, depuis deux ans, une irrésistible progression des prix et un élargissement de sa clientèle. Cette spécialité reste tirée par la locomotive des marchands parisiens qui ont construit ce marché, pierre après pierre, depuis quarante ans. Sept mois après les 4,2 millions de francs obtenus à Drouot-Montaigne (28 octobre 1999, étude Millon-Robert) par la coiffeuse colonnettes en ébène de Macassar de la collection Pierre Hebey, un paravent d’Eileen Gray a atteint plus de 1,2 million de dollars à New York chez Sotheby’s et un cabinet de Jean-Michel Frank gainé de galuchat s’est envolé à Londres en mai à 487 500 livres. Une commode d’André Arbus entièrement recouverte de parchemin, vendue à Paris par l’étude Gros et Delettrez, a, quant à elle, doublé son estimation à 1,1 million de francs.

La cote des créateurs des années quarante s’est elle aussi enflammée depuis deux ans comme en témoigne la spectaculaire progression des meubles de Paul Dupré-Lafon. Une table gainée de parchemin vendue 135 000 francs en 1997 à Paris a été adjugée 715 000 francs en juin 1999 à Neuilly-sur-Seine. Jean Royère a lui aussi été porté par cette vague ascendante. Les prix de ses meubles ont triplé en trois ans, quadruplé en six ans. Une table basse en fer forgé qui se négociait autour de 25 000 francs il y a quatre ans part aujourd’hui à 100 000 francs. Certains grands noms de la spécialité demeurent encore abordables. C’est le cas de Lucien Rollin et Louis Sognot dont les meubles se vendent autour de 50 000 francs mais aussi de Jacques Adnet, Maurice Jallot, René Drouet ou Maxime Old.

Table basse “soleil” en fer forgé, par René Drouet (1938, galerie Yves Gastou) [1]
René Drouet restera, après la guerre, fidèle à la tradition Art déco, ne se lançant dans le design qu’au début des années soixante. Ses meubles sont généralement perchés sur d’élégants piètements comme en témoigne cette petite table basse recouverte d’un plateau en fonte de fer patiné.

Secrétaire de dame, par Jacques Quinet (1953, galerie Olivier Watelet) [2]
Toute sa vie Jacques Quinet (1918-1992) poursuivra ses recherches sur la forme, s’engageant progressivement sur la voie de l’épuration comme en témoigne ce secrétaire de dame en laque rouge et bronze doré. La publication d’une monographie et l’organisation d’une exposition devraient permettre de mieux connaître ce décorateur et d’asseoir sa cote.

Fauteuil virgule, par Francis Jourdain (1922, galerie Doria) [3]
Membre fondateur de l’UAM (Union des artistes modernes), Francis Jourdain (1876-1958) est l’un des précurseurs du mouvement moderne en France. Ses meubles aux formes sobres sont dénués de tout ornement comme le montre ce fauteuil édité et vendu par Abel Motté, rue de Charonne à Paris, éditeur exclusif des sièges conçus par le créateur. La galerie Doria (16 rue de Seine, 75006 Paris) lui consacre sa première rétrospective, du 13 septembre au 18 novembre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°110 du 8 septembre 2000, avec le titre suivant : Les antiquités d’aujourd’hui

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