États-Unis - Enseignement

L’enseignante licenciée pour avoir montré des images de Mahomet poursuit son université

Par Alexandre Clappe · lejournaldesarts.fr

Le 23 janvier 2023 - 352 mots

SAINT-PAUL / ÉTATS-UNIS

L'université Hamline du Minnesota avait refusé de renouveler le contrat de l’enseignante suite à la plainte d’une étudiante.

Université d'Hamline, St Paul, Minnesota. © McGhiever, 2013, CC BY-SA 3.0
Université d'Hamline, St Paul, Minnesota.
Photo McGhiever

Erika López Prater a décidé de poursuivre en justice l'université Hamline de Saint Paul (Minnesota). En octobre dernier, elle avait montré une miniature du XIVe siècle représentant le prophète Mahomet, dans le cadre d'un cours sur l'art islamique, après en avoir averti la classe. Suite à la réclamation d’une étudiante, l’enseignante a été informée qu'elle ne donnerait plus d’enseignement d'histoire de l'art au printemps. 

Elle a décidé de porter plainte devant le tribunal de district du Minnesota. L'action en justice dénonce la perte de revenu, la diffamation et l’atteinte à la réputation professionnelle et personnelle causées par la décision de l’université, qui s’était justifiée en invoquant un problème d'islamophobie. « Des commentaires qui ont été publiés dans des articles de presse dans le monde entier suivront le Pr López Prater tout au long de sa carrière, ce qui pourrait l'empêcher d'obtenir un poste de titulaire dans n'importe quel établissement d'enseignement supérieur » ont détaillé les avocats de l’enseignante dans la plainte.

Dans une volte-face, les présidentes respectives de l'université et de son conseil d'administration viennent de publier une déclaration commune indiquant que les récentes publications et articles d'opinion avaient conduit l'école à « réexaminer ses actions », et qu’en conséquence, « l’utilisation du terme "islamophobe" était erronée. Dans le but d'écouter et de soutenir nos étudiants musulmans, poursuit le communiqué, nous avons utilisé un langage qui ne reflète pas nos sentiments sur la liberté universitaire ».

La déclaration ne mentionne pas le procès, mais indique que l'université soutient fermement la liberté d’enseignement, qui doit coexister avec le soutien aux étudiants. L'université prévoit d'organiser deux colloques dans les mois à venir, portant sur la liberté universitaire face à la religion.

Récemment, le Council on American-Islamic Relations, une organisation américaine de défense des droits civiques des musulmans, a par ailleurs contesté l'idée que le comportement de López Prater était islamophobe. Le groupe a déclaré que les professeurs qui analysent des images du prophète Mahomet à des fins universitaires ne peuvent être associés avec « les islamophobes qui montrent de telles images pour provoquer une offense ».

Gabriel délivrant la première révélation du Coran à Mahomet, miniature tirée du manuscrit Compendium des Chroniques, par Rashīd al-Dīn, datant de 1307. © Université d'Edimbourg
Gabriel délivrant la première révélation du Coran à Mahomet, miniature tirée du manuscrit Compendium des Chroniques, par Rashīd al-Dīn, datant de 1307.
© Université d'Edimbourg

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