Archéologie

Le trésor de Tavers ira à Saint-Germain-en-Laye

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 9 mai 2019 - 485 mots

MEUNG-SUR-LOIRE

Les commissaires-priseurs Rouillac ont cédé de gré à gré le trésor gaulois. Ils portent plainte contre des fonctionnaires de l’Inrap pour dénigrement.

Vente du trésor gaulois de Tavers par la maison Rouillac © Photo Rouillac
Vente du trésor gaulois de Tavers par la maison Rouillac
© Photo Rouillac

Meung-sur-Loire (Loiret). Le trésor gaulois découvert en 2012 par deux détectoristes a finalement été vendu de gré à gré au Musée d’archéologie national de Saint-Germain-en-Laye pour la somme de 50 000 euros. Si cette transaction met un terme à la polémique qui enflait depuis l’annonce de la vente aux enchères par la maison Rouillac, l’affaire connaîtra une suite judiciaire. Les commissaires-priseurs ont en effet porté plainte nommément contre deux fonctionnaires de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), dont son président, Dominique Garcia, ainsi que contre d’autres personnes, à qui ils reprochent d’avoir mené une campagne de dénigrement à leur encontre.

Ce trésor constitué de 65 bracelets, colliers et armes datant du VIe siècle avant J.-C., soit avant la conquête romaine, avait été exhumé par deux utilisateurs de détecteurs de métaux dans un champs de Tavers à côté de Beaugency (Loiret). Ceux-ci n’étaient pas venus là par hasard, car le lieu est connu depuis longtemps pour abriter des vestiges d’une villa gallo-romaine. Quelques jours après leur découverte, en accord avec l’agriculteur propriétaire des lieux et donc du trésor, ils remettent les objets au service archéologique local.

Ce service opère en 2014 une deuxième campagne de fouilles qui permet de retrouver d’autres objets et le tout est confié à des archéologues et universitaires. Après restauration et étude, un rapport complet de 200 pages est produit en 2015.

Lorsque l’État rend les objets aux agriculteurs en 2018, ces derniers décident de les vendre et en confient la charge aux deux commissaires-priseurs, déclenchant une polémique sur les réseaux sociaux. Pour gagner du temps, le 6 avril 2019, l’État décide de classer ces objets au titre de « trésor national ».

Destruction d’informations scientifiques
Les archéologues mènent depuis longtemps la guerre aux détectoristes, qui, selon eux, détruisent de nombreuses informations scientifiques précieuses lorsqu’ils pratiquent ces fouilles sauvages et illégales. En l’espèce, ils s’inquiétaient également que ce trésor puisse disparaître en mains privées. Un problème qui ne se reproduira plus avec la loi portant sur le patrimoine qui attribue d’office depuis 2016 la propriété des découvertes à l’État. L’association Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique porte plainte quant à elle le 29 avril pour « destruction de site archéologique » afin d’empêcher la vente publique. Plainte classée sans suite par le procureur de la République.

« Nous avons reçu des centaines de messages haineux, avec des attaques personnelles inadmissibles », a déclaré au Journal des Arts le commissaire-priseur Aymeric Rouillac, qui a décidé de porter plainte. « L’objectif de ces activistes était de pourrir la vente afin qu’il n’y ait pas d’enchérisseur, précise-t-il. Nous aurions pu attendre le délai de trente mois, obtenir un certificat d’exportation et le vendre beaucoup plus cher à un musée étranger, mais nous avons préféré une sortie par le haut. » Prochain épisode devant le tribunal, sauf si le procureur classe leur plainte sans suite.
 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°523 du 10 mai 2019, avec le titre suivant : Le trésor de Tavers ira à Saint-Germain-en-Laye

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