Politique culturelle

Le cabinet de Rachida Dati est presque au complet

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 14 février 2024 - 840 mots

La nouvelle ministre de la Culture a dû partir d’une page blanche pour constituer en urgence son équipe.

Paris. Alors que le Premier ministre, Gabriel Attal, a conservé les deux conseillers culture de sa prédécesseure Élisabeth Borne (Antoine Mory et Marie Ameller), Rachida Dati n’a gardé aucun de ceux du cabinet de Rima Abdul Malak. Pour cette bonne raison, selon l’un d’entre eux,« que par fidélité à Rima, tous les conseillers ont préféré ne pas faire offre de candidature à la nouvelle ministre ». Celle-ci a dû ainsi partir d’une page blanche, s’appuyant sur Gaëtan Bruel, son directeur de cabinet. Ce dernier a puisé dans son carnet d’adresses constitué lors de son passage au Quai d’Orsay et au Centre des monuments nationaux (CMN) pour trouver les bons profils. L’organisation des dossiers et des conseillers qui en résulte est plus ou moins calquée sur l’organigramme des grandes directions du ministère, ce qui n’était pas le cas auparavant.

C’est ainsi qu’il y a un seul conseiller pour les musées, le patrimoine, les archives et l’architecture, alors que précédemment ces attributions étaient réparties entre deux conseillers dont les autres dossiers relevaient à la fois de la direction générale des Patrimoines et de l’Architecture et de la direction générale de la Création artistique. Son nom est Edward de Lumley, qui est passé, comme Gaëtan Bruel, par le Quai d’Orsay et le CMN. Ce juriste de formation âgé de 56 ans a ainsi été directeur de l’Alliance française d’Ekaterinbourg (Russie) et plus tard conseiller de coopération et d’action culturelle à Moscou, mais aussi administrateur de plusieurs sites gérés par le CMN dont la cité médiévale de Carcassonne. Il était depuis 2015 directeur du développement culturel et des publics du CMN. Il a donc bien connu Philippe Bélaval, qui a longtemps dirigé le CMN et est aujourd’hui (à 68 ans) le conseiller culture d’Emmanuel Macron. On devine que lui aussi a donné quelques avis pour choisir les conseillers.

Il ne faut pas chercher bien loin pour savoir ce qui relie Emma Buttin (34 ans), la conseillère spectacle vivant, arts visuels, design, mode et métiers (un très lourd portefeuille) à Gaëtan Bruel : elle a été la coordinatrice à New York du programme de résidence d’artistes de la Villa Albertine, dont le directeur de cabinet est justement le concepteur. Auparavant elle a été chargée des résidences à la Gaîté-Lyrique à Paris.

Le chantier de la réforme de l’audiovisuel public

Pour le seconder au cabinet, Gaëtan Bruel a choisi un énarque conseiller d’État (promotion 2015) qui n’a aucun antécédent connu dans la Culture : Thomas Odinot (36 ans). En revanche, ce dernier connaît un peu les territoires : il a été secrétaire général de la préfecture de la Lozère de 2020 à 2022 et sous-préfet de Lannion (Côtes-d’Armor) depuis 2022 ; on lui a donc confié le soin de suivre tout particulièrement… les territoires. Un deuxième directeur de cabinet adjoint l’assiste pour suivre un dossier qu’il ne connaît pas du tout : l’audiovisuel. Il s’agit de Romain Pagès, un ancien du cabinet d’Amélie Oudéa-Castéra. Rachida Dati a fait savoir qu’elle allait remettre en chantier la réforme de l’audiovisuel public, qui pourrait déboucher sur un regroupement de la radio et de la télévision publiques et qui, au passage, déterminerait de nouvelles règles de financement.

Pour faciliter ses relations avec la presse, la ministre a fait appel à Benjamin Rosmini (36 ans), qui n’a jusqu’ici pas vraiment occupé de poste dans la Culture. Mais il a été le conseiller presse de l’ex-ministre du Travail Olivier Dussopt, notamment lorsque ce dernier a porté le projet de réforme des retraites, ce qui a constitué une véritable épreuve du feu pour ce diplômé de Sciences Po Grenoble – il y a d’ailleurs peut-être croisée Emma Buttin en 2012, diplômée de la même école.

Rachida Dati a tenu à avoir auprès d’elle Emmanuelle Dauvergne (52 ans) qui la suit depuis la Place Vendôme où elle était sa conseillère chargée des relations avec les collectivités territoriales, événements et déplacements politiques. C’est une vraie « politique » : elle a travaillé à l’UMP et est conseillère depuis 2008 du 7e arrondissement de Paris, dont Rachida Dati est maire. Elle n’a pas de dossier précis à gérer, de sorte que l’on peut tout imaginer : suivra-t-elle les dossiers spéciaux ? les relations avec la Mairie de Paris ?

À ce jour, douze postes (directeur de cabinet, directeur adjoint et conseillers) sont pourvus, sur un total de quinze postes possibles. L’arrivée prochaine de trois autres conseillers devrait permettre de délester certains portefeuilles qui sont particulièrement lourds. Il devient cependant de plus en plus difficile de trouver des profils expérimentés et spécialistes de leur domaine. Ceux-là refusent de quitter leur poste pour rejoindre un cabinet où ils vont travailler sous pression soixante-dix heures par semaine et se retrouver du jour au lendemain sans poste si leur ministre est débarquée brusquement, avec comme simple indemnité d’éviction un chèque de 2 000 euros. Alors que plusieurs rapports pointent le manque de leadership stratégique de la Rue de Valois, il y a là un problème spécifique.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°627 du 16 février 2024, avec le titre suivant : Le cabinet de Rachida Dati est presque au complet

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