Italie - Patrimoine

La villa ornée d’une fresque du Caravage au cœur d’une bataille d'héritage

Par Alexandre Clappe · lejournaldesarts.fr

Le 25 janvier 2023 - 568 mots

ROME / ITALIE

La princesse Rita refuse de quitter la Villa Aurora de Rome, toujours invendue, malgré une expulsion judiciaire.

Le Caravage, Jupiter, Neptune et Pluton (détail), vers 1597-1600, fresque murale, 180 x 300 cm, Villa Aurora, Casino Boncompagni Ludovisi, Rome © Photo PiCo, Domaine public
Le Caravage, Jupiter, Neptune et Pluton (détail), vers 1597-1600, fresque murale, 180 x 300 cm, Villa Aurora, Casino Boncompagni Ludovisi, Rome.
Photo PiCo

La princesse Rita Jenrette Boncompagni Ludovisi est propriétaire de la Villa Aurora, connue pour sa fresque du Caravage, la seule peinture murale connue de l'artiste. La vente de la villa devait permettre de résoudre un conflit d'héritage entre la princesse et ses trois beaux-fils. Mais bien que le tribunal ait mis la propriété aux enchères à cinq reprises, et que sa mise à prix a chuté de 471 millions d'euros à 145, elle n’a pas trouvé d'acheteur.

En dernier recours, le juge a émis un avis d'expulsion de 60 jours exigeant que la princesse Rita quitte la propriété. Cette décision fait suite à la dernière tentative de vente qui a eu lieu le 12 janvier sur le site d'enchères en ligne Fallco Aste, ou l’on peut y lire « asta deserta » (enchère infructueuse).

L'ordre de quitter la propriété découle d'un double constat. Le premier concerne l'effondrement d'un mur qui a entraîné la fermeture d'une des rues adjacentes au bâtiment et a convaincu le juge de l'entretien insuffisant de la propriété ; le second concerne des visites guidées organisées par la princesse sans l'autorisation du tribunal. Pour sa part, la princesse Rita a insisté sur le fait que les visites étaient nécessaires pour aider à financer l'entretien de la maison. Elle y fait office de guide touristique pour de petits groupes.

La princesse Rita s’est dite « stupéfaite » par la décision du tribunal et veut faire appel de la décision, comme elle l’a déclaré à Reuters. Également connue sous le nom de Casino di Villa Boncompagni Ludovisi, la propriété est la maison ancestrale de son mari, le prince Nicolò Boncompagni Ludovisi, décédé en 2018. De son vivant, il avait estimé la valeur de la villa à 670 millions d'euros. Le prince avait notifié dans son testament que la princesse Rita devait être autorisée à rester à la Villa Aurora jusqu'à sa mort, et que si la propriété était vendue, son épouse partagerait le produit de la vente avec les trois fils du prince, issus d’un premier mariage. Mais ces derniers ont contesté le testament, entraînant une longue bataille juridique.

La propriété de 830 m² sera à nouveau proposée aux enchères le 6 avril, pour 108,5 millions d'euros. Si elle trouve enfin preneur, le gouvernement italien qui bénéficie d'un droit de préemption aura la possibilité de s'aligner sur le prix d'achat.

Le Caravage, Jupiter, Neptune et Pluton, vers 1597-1600, fresque murale, 180 x 300 cm, Villa Aurora, Casino Boncompagni Ludovisi, Rome © Photo PiCo, Domaine public
Le Caravage, Jupiter, Neptune et Pluton, vers 1597-1600, fresque murale, 180 x 300 cm, Villa Aurora, Casino Boncompagni Ludovisi, Rome.
Photo PiCo

Construite comme pavillon de chasse en 1570, la Villa Aurora faisait à l'origine partie d'un domaine beaucoup plus vaste, la Villa Ludovisi. Elle appartient à la famille du prince Nicolò depuis 1621. La grande valeur de la villa provient de ses nombreuses œuvres d'art, notamment du Dominiquin, d’Agostino Tassi, de Giovanni Valesio ou du Guerchin ; et de cette fresque du Caravage, unique en son genre, qui représente les dieux romains Jupiter, Neptune et Pluton, chacun étant considéré comme un autoportrait de l'artiste.

Avant de rejoindre l’aristocratie italienne en 2009, Rita Jenrette, originaire du Texas, était agent immobilier. Elle a notamment participé à la vente du General Motors Building de New York à Donald Trump en 1998, un des nombreux chapitres d’une vie haute en couleur (elle a auparavant été chanteuse de country, actrice, journaliste, et a posé pour le magazine Playboy). Elle avait rencontré son mari en 2003, alors que l'un de ses clients envisageait de construire un hôtel sur l'une des propriétés du prince.
 

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