Le mercato des établissements publics

La valse des présidents

Départs et nominations font l'actualité au château de Versailles, au Musée Guimet et à l'Institut du monde arabe

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2011 - 703 mots

Les institutions demeurent, leurs présidents passent. La nomination de la conseillère de l’Élysée, Catherine Pégard, à la tête du château de Versailles, en remplacement de Jean-Jacques Aillagon, a créé la surprise. À Paris, au Musée Guimet, Jacques Giès va céder la place à un autre scientifique, Olivier de Bernon, tandis que l’Institut du monde arabe a enfin trouvé un président en la personne de Renaud Muselier, député UMP.

PARIS - Il espérait décrocher une dérogation pour pouvoir achever son deuxième mandat – comme l’ont déjà obtenu certains de ses confrères –, mais Jean-Jacques Aillagon, atteint par la limite d’âge, devra quitter la présidence de l’établissement public du château de Versailles où il officiait depuis 2007. C’est Catherine Pégard, conseillère du président de la République, qui prendra sa suite : elle arrivera à Versailles le 2 octobre après avoir été nommée le 31 août en Conseil des ministres. Ce choix semble pour le moins surprenant en regard de son parcours professionnel, bien éloigné du monde des musées ou de l’histoire de l’art. Journaliste politique, ancienne rédactrice en chef du magazine Le Point, elle y a fait l’essentiel de sa carrière. Ironie du sort, elle prend les rênes de l’établissement pour cinq ans, une durée allongée par les nouveaux statuts de l’établissement voulus par Jean-Jacques Aillagon, octroyant plus de pouvoir au président au détriment des conservateurs.

Depuis le départ de Dominique Baudis en juin (lire le JdA n° 350, 24 juillet 2011), le siège du président de l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris, était vacant. Il a finalement été attribué au député des Bouches-du-Rhône, Renaud Muselier, qui a annoncé, le 2 septembre, son arrivée à la tête de l’institution. Proposée par le ministère des Affaires étrangères, sa nomination en tant que président du Haut conseil de l’IMA devrait intervenir mercredi 7 septembre en Conseil des ministres. Renaud Muselier a annoncé qu’il n’hésiterait pas à cumuler ce poste à haute responsabilité avec son mandat de député. Docteur en médecine, ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Renaud Muselier est actuellement vice-président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et président du Conseil culturel de l’Union pour la Méditerranée. Il devra sortir l’IMA de sa situation financière délicate et renouveler une programmation qui n’avait pas été à la hauteur des derniers événements ayant secoué le monde arabe. 

Olivier de Bernon au Musée Guimet
Face à ces décisions d’ordre politique, le choix d’un scientifique, en la personne d’Olivier de Bernon, à la tête de l’établissement public du Musée national des arts asiatiques Guimet, à Paris, sonne comme une bonne surprise pour les conservateurs, même si la décision est tombée comme un couperet pour le président sortant, Jacques Giès. Après un premier mandat à la présidence du musée, où il était arrivé en 2008, il espérait, en effet, pouvoir poursuivre son travail, notamment dans le domaine de l’art contemporain. D’autant plus que son prédécesseur, Jean-François Jarrige, toujours très présent dans les locaux, avait occupé ce poste plus de vingt ans. Parfois critiqué pour ses méthodes de gestion et ses choix tournés vers des artistes de la scène contemporaine, alors que l’établissement souffrait d’une fréquentation en berne, Jacques Giès s’est dit « sidéré et blessé » par cette décision. Le ministère de la Culture lui a proposé la responsabilité du Musée d’Ennery, attaché au Musée Guimet et actuellement fermé pour rénovation.

Directeur d’études à l’École française d’Extrême-Orient, spécialiste de la civilisation khmère du Cambodge et de l’Asie du Sud, Olivier de Bernon a assuré le programme d’inventaire et de conservation du fonds d’archives privées du roi Norodom Sihanouk. C’est d’ailleurs sur ce sujet qu’il pensait avoir été convoqué cet été Rue de Valois, avant d’apprendre qu’il était promis à un tout autre avenir, place d’Iéna. S’il a pu constater l’excellente réputation du Musée Guimet à l’étranger, Olivier de Bernon déplore son image nationale. Il va s’attacher à faire évoluer le musée en ce sens et devra trouver des solutions pour doper sa fréquentation, qui s’élevait à moins de 225 000 visiteurs en 2010 (contre plus de 315 000 pour un musée national de taille moyenne comme Cluny, par exemple). Il lui faudra aussi tenir compte de la lettre de mission que le ministère de la Culture va lui envoyer très prochainement.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°352 du 9 septembre 2011, avec le titre suivant : La valse des présidents

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