PORTRAIT

Jean-Louis Georgelin, ancien chef d’État-Major des armées : un général pour restaurer la cathédrale Notre-Dame

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 9 mai 2019 - 554 mots

1948 Il était difficile à ce fils d’officier d’échapper à la carrière des armes. À 19 ans, Jean-Louis Georgelin entre à Saint-Cyr et, à sa sortie en 1969, choisit l’infanterie. Après plusieurs affectations à Montpellier et Mutzig (Bas-Rhin), il rejoint l’état-major de l’armée de terre en tant qu’aide de camp du chef d’état-major. Il parfait sa formation de stratège en passant un an dans une université américaine du Kansas, au Command and General Staff College.

1991 Le Saint-Cyrien alterne les missions effectuées sur le terrain avec des postes occupés dans les états-majors qui le rapprochent toujours plus du pouvoir. Il commande de 1991 à 1993 le 153e régiment d’infanterie de Mutzig avant de devenir l’adjoint au chef du cabinet militaire des Premiers ministres d’alors (Édouard Balladur puis Alain Juppé). Promu général de brigade en 1997, il rejoint la SFOR (Force de stabilisation) en ex-Yougoslavie pour occuper les fonctions de chef du bureau « Plans and Policy ».

2002 Après un passage à l’état-major des armées, il devient chef de l’état-major particulier du président Jacques Chirac. À ce titre, il conseille le président en tant que chef des armées et sert d’interface entre l’Élysée et les forces armées. On ne sait, et on ne saura sans doute jamais, quel rôle il a joué dans le refus de la France de rejoindre la coalition pour la deuxième guerre d’Irak en 2003. Il est promu en 2006 au plus haut niveau de la hiérarchie militaire : chef d’état-major des armées françaises (Cema). Il le restera jusqu’en 2010, soit aussi longtemps que le Cema qui lui a succédé, le général Pierre de Villiers, récemment entré dans l’actualité pour avoir démissionné après avoir été « souffleté » par le président Emmanuel Macron.

2010 Nicolas Sarkozy le nomme à la tête de la grande chancellerie de la Légion d’honneur. À ce titre, il administre les ordres, dont la mission la plus importante consiste à désigner les nommés et promus de la Légion d’honneur, de la Médaille militaire et de l’Ordre national du Mérite ; il assure aussi la direction du Musée de la Légion d’honneur installé dans l’hôtel de Salm à côté du Musée d’Orsay. Pour la conservatrice Anne de Chefdebien : « Il a dépoussiéré et fait entrer dans le XXIe siècle une maison austère, en montrant une réelle sensibilité à la culture et une attention au musée qui n’a jamais faibli .» Il y restera six ans.

2019 Emmanuel Macron le sort de sa retraite et lui confie la responsabilité de piloter la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris gravement endommagée par l’incendie du 15 avril. Il a le profil idéal pour cette « mission de combat », selon son expression. Son intérêt pour la culture s’est manifesté à l’hôtel de Salm, tandis qu’il déclarait au Journal des Arts : « Il n’y a pas une cathédrale de France, et j’oserais dire une abbaye, où je ne me sois pas rendu. » Ce catholique pratiquant a son franc-parler qui peut le faire aimer ou détester. « Le président de la République a fixé un objectif : cinq ans. Il faut que je fasse en sorte que tout le monde, tous les acteurs de cette bataille se mobilisent pour atteindre cet objectif », déclarait-il récemment à l’AFP. Jean-Louis Georgelin va devoir composer, car les spécialistes du patrimoine, conservateurs en tête, n’ont pas les mêmes traditions que la grande muette.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°523 du 10 mai 2019, avec le titre suivant : Jean-Louis Georgelin, ancien chef d’État-Major des armées : un général pour restaurer la cathédrale Notre-Dame

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