Japon - Politique culturelle

Japon, les petites institutions publiques culturelles sont en difficulté

Par Michel Temman, correspondant au Japon · Le Journal des Arts

Le 13 février 2024 - 344 mots

JAPON

Politique culturelle. Cette année, et c’est une première, le budget de l’Agence japonaise des Affaires culturelles connaît sa plus forte hausse depuis dix ans.

Le budget total de cette agence créée en 1968 et restant un organe externe du large ministère japonais de l’Éducation, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie (MEXT), devrait atteindre 135 milliards de yens (près de 839 millions d’euros). Mais la hausse est, en vérité, toute relative. Car comme le note le quotidien Yomiuri, ce budget demeure plus de dix fois inférieur au budget de la culture français et bien plus faible, encore, que celui de la Corée du Sud : « En 2022, le budget de l’agence des Affaires culturelles était même moindre que celui de l’université de Tokyo ! » Il représentait à peine, en 2021, 0,11 % du budget national japonais (contre 1,23 % en Corée du Sud et 0,79 % en France). L’Agence des Affaires culturelles du Japon poursuit en fait deux buts prioritaires : protéger les biens et trésors du patrimoine national et promouvoir au Japon et à l’étranger les arts, la langue et la culture japonais.

C’est à ce titre que 70 % des fonctionnaires de l’agence ont été transférés en mai 2023 à Kyoto (la région du Kansai abrite la moitié des trésors nationaux), au titre de la décentralisation et de la revitalisation régionale. L’Agence soutient aussi le Fonds d’arts du Japon, qui subventionne une kyrielle de projets culturels – rien qui ne suffise pourtant. Acteurs publics comme privés : tous se tournent vers le privé, plus réactif et financièrement plus puissant. À Tokyo, la disparition, mi-2023, du 3331 Arts Chiyoda – un lieu doté de financements privés dans un espace public, fermé jusqu’à une date indéterminée –, qui était devenu l’un des centres névralgiques de la nouvelle scène tokyoïte, illustre le flottement général, l’absence d’une politique forte qui soutiendrait les plus jeunes créateurs. Le Premier ministre, Fumio Kishida, a appelé à la mise en place d’un « cercle vertueux » en faveur des mondes de l’art et de la culture… en attendant la hausse des budgets.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°626 du 2 février 2024, avec le titre suivant : La difficulté des petites institutions publiques

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