Disparition

Jacques Rigaud s’est éteint

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 11 décembre 2012 - 356 mots

PARIS - Haut fonctionnaire et grand serviteur de l’État, Jacques Rigaud, décédé le 6 décembre à l’âge de 80 ans, était l’incarnation de l’engagement en faveur de la culture.

De son parcours qui l’a mené d’un milieu modeste aux hautes sphères, la fondation de l’Admical en 1979 est sans conteste la plus grande réussite. Grâce au travail de cette « Association pour le développement du mécénat industriel et commercial » qu’il présida jusqu’en 2008, le mécénat d’entreprise a gagné ses lettres de noblesse en France.

Si la solidarité, l’environnement, la recherche et le sport sont parmi les domaines prisés par les entreprises soucieuses de valoriser leur image, la culture a toujours eu les faveurs de l’énarque. Qu’il en ait instillé à doses infinitésimales dans les émissions très grand public de RTL, station dont il fut le président pendant vingt ans (1980-2000) ; qu’il ait présidé à la demande du ministre Douste-Blazy une commission de refondation du « modèle français de service public de l’action culturelle » dont les conclusions érigeant l’éducation artistique et culturelle au rang de « cause nationale » sont restées sans suite (1996) ; ou qu’il ait défendu l’inaliénabilité des œuvres conservées dans les collections publiques dans un rapport commandé par Christine Albanel (2008), Jacques Rigaud a fait de l’exception culturelle sa mission première. Un cap qu’il a gardé au fil des multiples présidences assumées – la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon (1977), le Musée d’Orsay dans sa phase de préfiguration (1981-1987) et le Fonds régional d’art contemporain (Frac) d’Aquitaine (2000-2006), entre autres.

L’engouement des entreprises et des particuliers qui a suivi la promulgation de la loi du 1er août 2003 relative au mécénat aura représenté une victoire pour l’association qui se battait contre un statut juridique et fiscal « obscur, mal connu et peu incitatif ». Et les trésors nationaux sont les premiers à en bénéficier. Mais, face à la multiplication des appels lancés aux particuliers par les musées pour l’acquisition d’œuvres, il est bon de rappeler qu’aux yeux de Jacques Rigaud le mécénat devait « constituer une prise de risque » et en aucun cas aider l’État à boucler ses fins de mois.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°381 du 14 décembre 2012, avec le titre suivant : Jacques Rigaud s’est éteint

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