Jack Lang

Ministre de l’Éducation nationale

Le Journal des Arts

Le 12 octobre 2001 - 822 mots

« Mettre fin à l’inégalité qui existe entre les enfants en matière d’éducation artistique »

Quels sont les principaux objectifs de ce plan ?
Il s’agit de mettre fin à l’inégalité qui existe entre les enfants en matière d’éducation artistique. Il convient que chacun puisse développer de façon harmonieuse son intelligence rationnelle et son intelligence sensible. C’est pourquoi le plan pour les arts et la culture à l’école institue la classe à projet artistique et culturel (Pac) comme instrument de la généralisation : l’objectif est que d’ici cinq ans, chaque enfant bénéficie quatre fois dans sa scolarité d’une classe à Pac (en maternelle, à l’école élémentaire, au collège et au lycée). Cette année, priorité est donnée au primaire, où l’objectif est de mettre en place 20 000 classes à Pac, aux classes de 6e des collèges, et au lycée professionnel, où 3 000 classes devraient être créées.

L’extrême diversité et la multiplicité des mesures ne risquent-elles pas d’entraver sa réussite ?
Au contraire. L’ensemble des mesures se complète dans un dispositif cohérent. L’éducation artistique et culturelle s’inscrit désormais dans le cadre suivant : les enseignements artistiques obligatoires et optionnels, les activités artistiques et culturelles facultatives et les classes à Pac. Et puis nous ne partons pas de zéro : le plan vise au contraire à renforcer et accompagner les actions existantes, dans un esprit de partenariat entre les ministères de l’Éducation nationale et de la Culture. Le plan permet de s’adapter à la diversité du terrain en liaison avec les partenaires locaux.

Comment se sont mises en place les premières mesures ?
En six mois, plus de 300 réunions et une dizaine de textes réglementaires ont permis de préparer efficacement l’application du plan dès la rentrée 2001. La mobilisation des rectorats et des inspections académiques a permis de susciter un très grand nombre de projets dans le domaine du chant choral. La mise en place des chartes départementales s’est effectuée de façon très satisfaisante, puisque 47 départements sont concernés, soit la moitié de la France. Le nombre de classes à Pac retenues devra faire l’objet d’une comptabilisation plus tardive, car, si certaines ont déjà été validées, d’autres sont en réexamen et des appels d’offres sont encore en cours.
Il y a une véritable attente des enseignants et un réel désir des artistes de s’impliquer dans l’éducation artistique, ce qui est particulièrement encourageant.

Beaucoup d’enseignants se déclarent insuffisamment compétents pour enseigner les arts plastiques ou la musique. La formation des maîtres au sein des IUFM est souvent mise en cause. Comment pensez-vous remédier à cet état de fait ? Des solutions ont-elles été mises en place ?
Je suis persuadé que le succès du plan repose sur la formation des enseignants. De nombreuses mesures ont été prises en ce sens.
Dorénavant, la dimension artistique et culturelle sera davantage prise en compte dans la formation dispensée aux futurs enseignants dans les IUFM. Au-delà d’une formation de base pour tous, ils pourront approfondir et perfectionner leurs connaissances en choisissant une dominante “arts”. Plusieurs concours de recrutement devraient comporter, sous une forme à déterminer, une évaluation artistique et culturelle. Quant à la formation continue, elle a été lancée dès cet été sous la forme d’universités d’été et de séminaires.
Mille personnes-ressources vont être formées dès novembre 2001 : elles auront pour mission de coordonner la formation des enseignants dans le cadre des stages des plans académiques et départementaux de formation 2002-2003. Et le même type d’actions va être mené prochainement pour le second degré.

Dans le second degré justement, la multiplication des options artistiques facultatives ne risque-t-elle pas de poser des problèmes de recrutement ? Quel doit être le rôle des intervenants extérieurs ?
Il n’y a pas à proprement parler de multiplication des options artistiques facultatives dans le second degré, qui n’existent du reste qu’au lycée. En ce qui concerne les intervenants, il n’est pas souhaitable d’encourager l’émergence des professionnels de l’intervention : il importe en revanche de favoriser au maximum le travail entre les enseignants et les artistes ou les professionnels de la culture, au bénéfice des élèves, ce qui est l’un des objectifs majeurs des classes à Pac.

Quels sont les partenariats qui se dessinent aujourd’hui (institutions culturelles, associations...) ?
L’éducation artistique fait heureusement l’objet d’un large consensus. Le plan pour les arts et la
culture s’appuie sur une coopération renforcée entre les ministères de l’Éducation nationale et de la Culture, entre les Centres régionaux de documentation pédagogique (CRDP) et les Instituts de formation des maîtres (IUFM). Ce partenariat va notamment s’exercer dans le cadre des futurs pôles de ressources thématiques, qui auront vocation à regrouper une institution culturelle, une structure de formation (IUFM) et un CRDP. Ces pôles assureront diverses fonctions, au premier rang desquels la formation et la documentation. Par ailleurs, les collectivités locales s’impliquent dans le plan. Elles supportent en France en très grande partie le financement des structures culturelles et répondent à la très forte demande des élèves et des enseignants porteurs de projets.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°134 du 12 octobre 2001, avec le titre suivant : Jack Lang

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