Grèves du personnel de la Culture : vers la fin de la précarité ?

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 11 juin 1999 - 456 mots

Depuis le 19 mai, le ministère de la Culture a connu l’un de ses plus longs mouvements de grève. Étendu aux régions, mais circonscrit aux sites et établissements nationaux, le conflit, qui a entraîné de nombreuses fermetures, a mis en exergue le problème de la gestion du personnel dans l’administration.

PARIS - Des musées parisiens aux monuments historiques, sans oublier les administrations et les écoles d’art, une vingtaine de lieux, en moyenne, ont été concernés par les arrêts de travail de 10 à 30 % des agents de la Culture. Le conflit, lourd de conséquences – le Louvre estime à 500 000 francs les pertes causées par une journée de fermeture –, souligne la situation précaire de certains des quelque vingt mille agents. Les vacataires, qui représentent aujourd’hui un dixième des effectifs, ne correspondent plus depuis longtemps aux besoins ponctuels – remplacements, saisie informatique, interventions en école... – pour lesquels ce type de contrat est normalement prévu. Tiraillée entre les restrictions budgétaires et l’augmentation de ses besoins, la Culture a constamment recours aux vacations. De l’aveu même du ministère, 1 400 “vacataires permanents”, annualisés, reconductibles, travaillent aujourd’hui dans ses services – certains depuis quinze ans, d’après les syndicats –, auxquels il faut ajouter les 300 à 500 “précaires” employés depuis moins de dix mois, en accord avec la législation actuelle. Seules 69 créations de poste étaient inscrites au budget 1999. Le Louvre qui, selon la direction, fonctionne avec 141 vacataires, a bénéficié de 43 d’entre eux. La vacation, payée sur une base horaire plafonnée à 120 heures mensuelles pour les personnels administratifs – 169 pour les agents d’accueil ou de surveillance –, est en théorie non renouvelable. Si elle correspond à un besoin permanent, elle doit être transformée en emploi statutaire ; dans les faits, elle est suivie d’une nouvelle vacation.

Les syndicats réclament l’arrêt du recours à l’emploi précaire et la “stabilisation immédiate des vacataires recrutés sur des contrats d’un maximum de dix mois correspondant à des besoins permanents de l’État”. Ils demandent également la création de 1 000 postes et “un plan pluriannuel permettant l’intégration progressive des vacataires sur des emplois statutaires”, afin “d’assurer correctement les missions de service public”. Lors des nombreuses réunions entre les deux parties, la situation est restée bloquée en raison d’un renvoi de balle permanent entre le ministère et Matignon. Les musées demeuraient dans l’attente d’une solution face à un “nouveau type de conflit sur lequel l’établissement n’a aucun moyen d’action”, comme le constate Christophe Monin, directeur de la communication du Louvre. “Les arbitrages [budgétaires] seront rendus au début de l’été, et le bon fonctionnement du travail gouvernemental interdit de les anticiper”, déclare Catherine Trautmann, mais une prolongation du mouvement, en pleine saison touristique, était considérée comme très préjudiciable.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°85 du 11 juin 1999, avec le titre suivant : Grèves du personnel de la Culture : vers la fin de la précarité ?

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