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MILITAIRE

Général Jean-Louis Georgelin (1948-2023)

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2023 - 522 mots

Le chantier de Notre-Dame est orphelin de son meneur décédé accidentellement en randonnée dans les Pyrénées.

Ariège. Le chef de la mission de reconstruction de Notre-Dame de Paris ne verra pas la fin du chantier, programmée pour 2024. Nommé en 2019 par Emmanuel Macron, le général Jean-Louis Georgelin est décédé le 18 août dernier, à l’âge de 74 ans, après une chute lors d’une randonnée en Ariège. « Avec le décès du général Jean-Louis Georgelin, la nation perd l’un de ses grands soldats. La France, un de ses grands serviteurs. Et Notre-Dame, le maître d’œuvre de sa renaissance », a salué le président de la République. Le 25 août dernier, le général était honoré d’une cérémonie d’hommage aux Invalides, en présence du chef de l’État, avant d’être inhumé dans ses Pyrénées natales.

La nomination du général Jean-Louis Georgelin à la tête de l’établissement public « Rebâtir Notre-Dame de Paris » en 2019 a surpris le milieu du patrimoine. Fils de militaire, formé à Saint-Cyr, puis à Fort Leavenworth aux États-Unis, le général Jean-Louis Georgelin avait un profil de planificateur et de meneurs d’hommes. De 2002 à 2006, il est le chef de l’état-major du président de la République, conseillant Jacques Chirac. Puis, de 2006 à 2010, il est chef de l’état-major des armées, plus haut grade de l’armée française. Sous son commandement, la France est engagée dans de nombreux théâtres d’opérations extérieurs : Afghanistan, Côte d’Ivoire ou Liban.

Un fin connaisseur du patrimoine

Né en 1948, catholique pratiquant et amateur de patrimoine – « Il n’y a pas une cathédrale de France, et j’oserais dire une abbaye, où je ne me sois pas rendu », confiait-il au Journal des Arts en 2016 –, Jean-Louis Georgelin connaît une première expérience dans le domaine patrimonial lorsqu’il devient grand chancelier de la Légion d’honneur en 2010. Il lance alors la restauration de l’hôtel de Salm, palais de la Légion d’honneur dans le 7e arrondissement de Paris : une grande restauration de la façade et des intérieurs, menée dans les délais impartis. Voilà qui a peut-être achevé de convaincre Emmanuel Macron de le nommer à la tête du chantier de reconstruction de Notre-Dame. Avant l’incendie de la cathédrale, les relations étaient plutôt fraîches entre le président de la République et le général qui avait publiquement reproché à Emmanuel Macron l’éviction du général De Villiers en 2017. Ce franc-parler ne l’a pas desservi, au contraire. Le président cherchait un homme à poigne pour mener la reconstruction au pas de charge, ayant une connaissance du patrimoine et une sensibilité catholique.

Les premiers mois du chantier sont émaillés de frictions entre le général aux méthodes militaires et les fonctionnaires du ministère de la Culture. « Qu’il ferme sa gueule », s’emporte-t-il à propos de l’architecte en chef des Monuments historiques Philippe Villeneuve, lors d’une audition parlementaire. À ce choc des cultures succède une organisation bien rodée, où la place de chacun est clairement définie, et dont la Cour des comptes louait, dans un rapport, l’efficacité et la gouvernance. Le chantier est désormais plus que sur les rails, alors que la charpente est peu à peu reconstituée. Il sera difficile de lui trouver un successeur qui lui ressemble.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°616 du 8 septembre 2023, avec le titre suivant : Général Jean-Louis Georgelin (1948-2023)

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