France : des cabinets de dessin en pleine lumière

Une semaine pour découvrir les collections des musées parisiens

Le Journal des Arts

Le 17 mars 2000 - 1851 mots

Répondant à l’appel des organisateurs du Salon du dessin, les collections publiques parisiennes ont accepté cette année de participer à une \"Semaine du dessin\", du 27 mars au 2 avril. À cette occasion, les cabinets de dessins de la capitale invitent les amateurs à pénétrer dans leur antre où ils seront accueillis par des conservateurs qui leur dévoileront leurs trésors. Cette double page rappelle la richesse et la variété de ces collections tout en vous donnant le programme de ces journées exceptionnelles. Pour participer à ces visites, il est nécessaire de vous inscrire. Informations à la fin de ce Vernissage (pages 21-22).

- Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 22 rue Malher, 75004 Paris, tél. 01 44 59 29 60.
La BHVP présentera dans son espace d’exposition quelques dessins d’architectes et d’écrivains (Cocteau, Apollinaire, Rouveyre et Michelet) appartenant à ses collections.

- Bibliothèque nationale de France, 58 rue de Richelieu, 75002 Paris, tél. 01 47 03 81 26.
L’acquisition en 1667 par Colbert des 120 000 gravures et dessins, dont neuf feuilles de Dürer, de la collection rassemblée par l’abbé de Marolles marque la naissance du Cabinet des estampes. Si les dessins ne représentent qu’une infime partie de ce département, on en compte tout de même 100 000. Du XVIe siècle, la BnF conserve un ensemble de 375 portraits des Clouet et de leur atelier, complétés par des portraits des Dumonstier et de Lagneau. Mais la plus grosse part des dessins de maîtres concerne le XIXe, de David à Vuillard, en passant par Delacroix, Ingres, Corot et Manet. S’y ajoute une remarquable collection de carnets d’artistes (Degas, Bonnard, Gromaire, Hélion…). Dans un autre registre, l’entrée, en 1740, de la collection d’aquarelles topographiques réunies par Roger de Gaignières constitue une documentation fondamentale pour l’étude des monuments du Moyen Âge et de la Renaissance. L’architecture française du XVIe au XIXe siècle représente un axe majeur dans le fonds de la BnF : papiers, plans, esquisses et projets d’Androuet du Cerceau, de Salomon de Brosse, de Bélanger, de Boullée, de Lequeu, mais aussi de Labrouste, offrent un matériau sans égal. Le fonds est consultable tous les jours, sauf le dimanche, de 9h à 18h, et la Réserve du département, qui renferme les dessins les plus précieux, est accessible les mardi et jeudi de 10h à 12h.

- Musée Bourdelle, 16 rue Antoine-Bourdelle, 75015 Paris, tél. 01 49 54 73 73.
Grâce à la générosité de la femme et de la fille de l’artiste, cette collection comprend environ 2 000 dessins du sculpteur, de tous genres (portraits, études préparatoires…) et dans toutes les techniques (pastel, encre, fusain…). Une visite permettra de découvrir des dessins inédits et de jeunesse. La collection est consultable sur rendrez-vous et accessible aux scientifiques justifiant d’une recherche ou d’une préparation d’exposition.

- Musée Carnavalet, 29 rue de Sévigné, 75003 Paris, 01 42 72 21 13.
Vouée, comme le musée, à l’histoire de Paris, la collection de dessins de Carnavalet s’est enrichie récemment d’œuvres qui en soulignent la diversité. Un descendant du maître-verrier Gaspard Gsell qui, au XIXe siècle, avait restauré les vitraux des églises de Paris, a donné tous les projets de restauration et de création en sa possession, qui ont été nettoyés et montés. D’autre part, les vues topographiques représentent une part importante du fonds. S’y sont ajoutés deux dessins de Pierre Fontaine pour le Palais du roi de Rome, qui aurait dû constituer un nœud d’expansion de Paris vers l’ouest. Le XXe siècle compte au nombre des périodes insuffisamment documentées par des dessins, car, après la Première Guerre mondiale, les conservateurs se sont montrés réticents à en acquérir. L’achat de dessins préparatoires aux sculptures du Palais de Chaillot et de l’École de médecine par Carlo Sarrabezolles participe de cet élargissement. Dans le cadre de la Semaine du dessin, une trentaine de feuilles seront sorties des réserves et présentées dans la salle 45 sous le titre “Dessins parisiens, de Saint-Aubin à Signac” : des vues de Paris depuis la fin du XVIIIe jusqu’au début du XXe siècle, des scènes historiques et des dessins d’architectes. Par ailleurs, l’atelier de restauration du Cabinet des arts graphiques accueillera, les 29, 30 et 31 mars à 10h30, un groupe de dix personnes auquel seront expliquées les méthodes de montage et de restauration des œuvres graphiques. Le cabinet est ouvert du mardi au vendredi de 14h à 17h, sur rendez-vous, les dessins étant accessibles au public le jeudi.

- Musée Cognacq-Jay, 8 rue Elzévir, 75003 Paris, tél. 01 40 27 07 21.
L’essentiel de la collection, correspondant au goût d’Ernest Cognacq, est présenté dans l’hôtel Donon : outre des études de Watteau et Boucher, des lavis et des aquarelles de Fragonard, le musée possède un ensemble exceptionnel de portraits au pastel de Maurice Quentin de La Tour.

- Musée Galliéra, Musée de la mode de la Ville de Paris, 10 avenue Pierre Ier-de-Serbie, 75116 Paris, tél. 01 47 20 85 23.
Le cabinet s’est développé à partir de dépôts consentis en 1982, 1985 et 1993 par le Musée Carnavalet, soit la totalité de ses fonds de dessins, de gravures de mode et d’un choix de factures du XIXe siècle. Ce fonds continue de s’enrichir par achats ou sollicitations de dons. Une sélection de dessins de mode du XVIIe au XXe siècle sera accrochée au Musée du Petit Palais, qui montrera un “Florilège des plus belles œuvres du musée du XVIIe au XIXe siècle”. Le cabinet des Arts graphiques est ouvert sur rendez-vous aux étudiants, aux chercheurs spécialisés et aux professionnels de la couture et de la mode.

- Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, 75008 Paris, tél. 01 42 89 13 55.
L’hôtel du boulevard Haussmann, tributaire des goûts de Nelie Jacquemart et d’Édouard André, ne compte qu’un petit nombre de dessins. Le dimanche 2 avril, le conservateur présentera, au cours d’une visite privée, les feuilles françaises.

- Maison de Victor Hugo, place des Vosges, 75004 Paris, tél. 01 42 72 10 16.
La collection d’arts graphiques de la Maison de Victor Hugo compte plusieurs centaines d’œuvres, dont les dessins de l’écrivain constituent le cœur. Le vendredi 31 mars, dans la matinée, des conservateurs du musée recevront deux groupes de 10 personnes auxquels ils montreront une trentaine de dessins devant figurer dans l’exposition “Du chaos dans le pinceau…” organisée à la Fondation Thyssen-Bornemisza à partir du 2 juin, puis à Paris à partir du 12 octobre.

- Musée de la vie romantique, 16 rue Chaptal, 75009 Paris, tél. 01 48 74 95 38.
Le musée de la rue Chaptal s’associe à la Semaine du dessin en présentant une sélection d’œuvres sur papier signées Ary Scheffer. Les visiteurs pourront également consulter quelques feuilles de son neveu, Ary Renan, appartenant au fonds inédit de dessins achetés en 1997 et 1998.

- Musée du Louvre, 37 quai du Louvre, 75001 Paris, tél. 01 40 20 50 50.
Depuis 1671 et la constitution au sein du Cabinet du Roi d’une section consacrée aux dessins, la collection, commencée avec l’acquisition des 5 542 feuilles appartenant au banquier colonais Everhard Jabach, est demeurée dans l’enceinte du Louvre, s’enrichissant jusqu’à compter aujourd’hui 130 000 feuilles. Elle a ensuite recueilli les fonds d’ateliers des Premiers peintres du Roi après leur décès (Le Brun en 1690, Mignard en 1695, Coypel en 1722). Parmi les achats importants, quelque 1 000 dessins et albums acquis lors la vente Mariette, les albums de Filippo Baldinucci par Vivant Denon, le Codex Vallardi avec ses 300 dessins de Pisanello et son cercle et, plus près de nous, les 900 dessins d’architecture de Brongniart. Toutefois, les acquisitions ne se sont pas toujours faites à titre onéreux. Ainsi, à la Révolution, est saisie la collection Saint-Morys, héritière en partie de celle de Dézallier d’Argenville. Au Panthéon des bienfaiteurs trône le baron Edmond de Rothschild, dont les 40 000 estampes, 3 000 dessins et 500 livres illustrés sont offerts au Louvre en 1936. Malgré son ampleur, le fonds continue de s’étoffer. Récemment, une lacune importante a été comblée avec l’acquisition de l’Allégorie de la musique profane de Caspar David Friedrich, puis celle d’Ulysse et ses compagnons dans l’île de Circé par Primatice. Riche en études et modelli pour les cose del cielo qui ornaient la voûte de la galerie d’Ulysse à Fontainebleau, le Cabinet des dessins ne conservait aucun feuille préparatoire aux peintures de l’histoire d’Ulysse. C’est maintenant chose faite grâce à la Société des amis du Louvre. Installée depuis 1970 dans l’aile de Flore, sous le plafond de Cabanel, la salle de consultation du département des Arts graphiques (130 000 œuvres) et de la collection Edmond de Rothschild a rouvert ses portes en janvier, tandis que de nouvelles réserves étaient inaugurées. À la différence de la plupart des musées, le Louvre possède des espaces d’exposition pour ces œuvres fragiles, intégrés au circuit des peintures. Le couloir des Poules accueille ainsi une sélection de pastels signés Chardin, Quentin de La Tour ou Rosalba Carriera, et de miniatures. Seront d’autre part présentés, à partir du 29 mars, dans la section XVIIe siècle, les dessins de Charles Le Brun pour les Batailles d’Alexandre. Pour l’histoire, rappelons que le Louvre fut le premier musée à organiser une exposition de dessins en l’an V. La plus grande partie du fonds peut être consultée sur simple demande du lundi au vendredi de 13h à 18h, et le samedi de 10h à 13h (première inscription préalable par fax au 01 40 20 53 51, ou par courrier adressé au Département des arts graphiques, Musée du Louvre , 37 quai du Louvre, 75058 Paris Cedex 01). De plus, depuis l’an dernier, l’inventaire numérisé et illustré est disponible non seulement dans la salle de consultation mais aussi au CyberLouvre, dans le hall Napoléon.

- École nationale supérieure des beaux-arts, 14 rue Bonaparte, 75006 Paris, tél. 01 47 03 50 00.
Lointaine héritière de l’Académie royale de peinture et de sculpture, l’Énsb-a en a recueilli les collections, qui constituent une part importante de son fonds de dessins, avec notamment des études d’après l’antique ou d’après le modèle vivant. Aujourd’hui, les enseignants comme Jean-Michel Alberola continuent de donner à l’école. À la fin de l’année, l’Énsb-a annonce une importante exposition sur le dessin en France au XVIIe siècle, domaine que la donation Mathias Polakovits, en 1987, a contribué à enrichir de façon significative, avec ses 3 000 feuilles. Les 29 et 30 mars, de 9h à 10h30, Emmanuelle Brugerolles, conservateur de la collection, en retracera l’histoire à travers une sélection des plus belles œuvres.

- Et aussi
Deux conférences sont organisées dans les Salons Hoche (9 avenue Hoche, 75008 Paris), le jeudi 30 mars à partir de 14h30 : “Le Mémorial Chennevières dans la chambre d’Édouard André, un curieux ensemble de dessins français du XVIIIe siècle”, par Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du Musée Jacquemart-André , et “Le dessin de mode à travers les collections du Musée Galliéra” par Françoise Vittu, conservateur des dessins à Galliéra.

Le 19 avril, à l’auditorium du Louvre, le département des Arts graphiques anime une journée-débat sur ses missions, articulée autour des questions “Comment voir ?”
et “Qui regarde ?” (renseignements au 01 40 20 51 86).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°101 du 17 mars 2000, avec le titre suivant : France : des cabinets de dessin en pleine lumière

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