Ministre

Filippetti prend son temps

Réélue en Moselle, Aurélie Filippetti va maintenant pouvoir passer à la vitesse supérieure

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 19 juin 2012 - 543 mots

PARIS - Élue dimanche dans la 1re circonscription de la Moselle (1), avec un score confortable de 59 % (alors que François Hollande avait obtenu 52,27 % au second tour de l’élection présidentielle), Aurélie Filippetti va pouvoir conserver son poste de ministre de la Culture et de la Communication et céder son mandat de député à son suppléant Gérard Terrier.

En revanche, l’ancien ministre socialiste de la Culture, Jack Lang a perdu de justesse dans les Vosges où il se présentait pour la première fois. Mais alors qu’une semaine après son arrivée rue de Valois, en mai 2002, Jean-Jacques Aillagon réunissait les directeurs d’établissement relevant de son ministère pour leur exposer sa feuille de route, Aurélie Filippetti, elle, s’est donné du temps : aucun rendez-vous sur son calendrier publié sur le site du ministère entre le 16 mai, date de sa nomination et le 15 juin. En dehors de quelques apparitions au Festival de Cannes, ou au Mac Val pour la Nuit des Musées (mais au Festival de l’Histoire de l’art à Fontainebleau le 2 juin, c’est Philippe Bélaval, le directeur général des Patrimoines, qui l’a remplacée), le principal fait marquant du ministère Filippetti aura été la démission forcée d’Isabelle Lesmele, la présidente du Centre des monuments nationaux (CMN). Nommée en 2008, celle-ci avait été renouvelée en 2011 malgré un climat social tendu dont un rapport de l’IGAC avait rendu responsable cette proche du réseau Chirac.

En interne au CMN, les paris pour son remplacement donnent gagnant Philippe Bélaval. La ministre a aussi mis un peu de temps pour constituer son cabinet qui, à l’heure où nous bouclons, compte treize membres, soit moins que les vingt membres du premier cabinet de Frédéric Mitterrand. En théorie, selon les nouvelles règles édictées par Jean-Marc Ayrault elle pourrait le compléter avec deux autres conseillers, d’autant qu’à ce jour le mécénat et le marché de l’art n’ont pas de titulaire en propre. Sous la direction de Laurence Engel (lire le JdA n° 370), deux conseillers ont en charge les arts visuels. Philippe Barbat, ajoute à un secteur déjà bien lourd (archéologie, inventaire général, monuments historiques, espaces protégés, musées) le suivi des archives qui revenait auparavant à un conseiller spécifique. Il faut dire qu’il connaît bien ce domaine pour avoir travaillé à la direction des archives de 1997 à 2002 et en être le directeur adjoint depuis 2010. Ancien élève de l’École nationale des chartes, de l’École nationale du patrimoine et de l’École nationale d’administration, c’est un pur produit de l’administration. Romane Sarfati, la conseillère en charge des arts plastiques, de l’architecture (attribuée précédemment à un conseiller en titre), du design et de la mode, a un parcours plus ancré dans le privé. Diplômée de Science Po Paris et d’une école de commerce, elle a notamment été directrice de la galerie Templon, responsable d’un studio de production de jeu vidéo, et directrice d’une agence de production culturelle.

La ministre devrait s’atteler en priorité à la préparation du budget 2013, tout en s’efforçant d’obtenir un arbitrage favorable face à Bercy qui souhaiterait diminuer l’avantage fiscal lié au mécénat d’entreprise (lire aussi l’éditorial) dans le collectif budgétaire de début juillet.

(1) Aurélie Filippetti était précédemment députée de la 8e circonscription de la Moselle qui a disparu dans le récent redécoupage.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°372 du 22 juin 2012, avec le titre suivant : Filippetti prend son temps

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