Justice

Exhibition sexuelle à Lourdes : 2 000 euros d'amende requis contre une artiste

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 29 juin 2020 - 380 mots

TARBES

Une amende de 2 000 euros été requise contre l'artiste franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis qui comparaissait jeudi devant le tribunal correctionnel de Tarbes pour exhibition sexuelle, après s'être montrée nue devant la Grotte du sanctuaire de Lourdes en 2018.

L'après-midi du 31 août 2018, l'artiste de 36 ans s'était dénudée, les mains jointes et la tête recouverte d'un voile bleu, à l'entrée de la Grotte du sanctuaire où, selon la tradition catholique, la Vierge Marie était apparue à Bernadette Soubirous en 1858. Des personnes étaient intervenues pour cacher sa nudité et avaient appelé la police. Le sanctuaire avait alors porté plainte, condamnant "un acte d'exhibitionnisme qui a choqué les fidèles présents", lié à une démarche "prétendument artistique".

A la barre, Mme de Robertis explique que sa "performance" consistait à joindre Marie et Marie-Madeleine dans un même corps. "Il n'y aurait pas d'un côté la mère et de l'autre la prostituée", a-t-elle affirmé, indiquant vouloir faire réfléchir sur "les modèles féminins".

L'avocate de Déborah de Robertis, Me Marie Dosé, a pour sa part insisté sur l'absence de caractérisation de l'infraction d'exhibition sexuelle, s'interrogeant sur la compétence d'un tribunal pour juger une performance artistique. "Les juridictions pénales ne sont pas là pour décréter qui est artiste ou qui ne l'est pas. La liberté d'expression ne doit pas supporter d'ingérence disproportionnée", a-t-elle notamment déclaré, demandant la relaxe pour sa cliente.

Lors de ses réquisitions, le procureur a demandé une amende de 2 000 euros contre l'artiste, estimant que "la loi s'applique à tout le monde""Ce n'est pas parce qu'on se pare de la liberté d'expression ou d'un cadre artistique qu'on peut se dédouaner de la rigueur de la loi", a-t-il affirmé. "Choquer pour un artiste peut être quelque chose de militant. Est-ce que pour autant cela le dédouane de respecter la loi ? Absolument pas", a-t-il insisté.

Le jugement a été mis en délibéré au 6 août.

Déborah de Robertis a déjà été jugée à plusieurs reprises pour exhibition sexuelle, notamment après une performance similaire au musée du Louvre, près de La Joconde. Elle a été à chaque fois relaxée.

Elle a également fait l'objet de rappels à la loi en 2014 et 2016 pour deux actions dénudées au musée d'Orsay, où elle avait imité les tableaux L'origine du monde de Gustave Courbet et Olympia d'Edouard Manet.

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