Selon le New York Times, Todd Arrington aurait été poussé vers la sortie après avoir refusé de céder une épée pour un cadeau diplomatique.

L’histoire illustre les nouveaux rapports de force avec l’administration Trump. Todd Arrington, directeur de la bibliothèque présidentielle Dwight D. Eisenhower à Abilene (Kansas), a été contraint de démissionner le 30 septembre 2025 après avoir refusé de céder une épée historique d’Eisenhower destinée au roi Charles III, rapporte le New York Times.
Le cadeau controversé s’inscrivait dans la préparation de la visite d’État de Donald Trump au Royaume-Uni, du 16 au 18 septembre dernier. Un représentant du Département d’État (le ministère des affaires étrangères), utilisant l’adresse électronique « giftgirl2025 », avait contacté la bibliothèque pour obtenir une épée symbolisant la relation entre les États-Unis et le Royaume-Uni, en référence à la Seconde Guerre mondiale.
La demande portait sur une pièce authentique appartenant à la collection Eisenhower, qui comprend notamment l’épée d’honneur offerte par la ville de Londres en 1947, celle des Pays-Bas ornée d’or et de pierres précieuses, gravée « Queen Wilhelmina to General D. D. Eisenhower », ainsi que le sabre de West Point du général.
Todd Arrington a refusé d’y donner suite, rappelant que ces objets, propriété du peuple américain, relèvent du patrimoine muséal et sont soumis à des obligations de conservation. « Ils ont demandé une épée et nous avons dit : "Eh bien, nous avons des épées, mais nous ne pouvons pas les donner parce que ce sont des artefacts de musée." », a-t-il expliqué. Il a tenté pendant deux mois de trouver une alternative. L’académie militaire West Point a finalement fourni une réplique d’épée d’Eisenhower, qui fut remise par Donald Trump à Charles III, accompagnée d’une broche Tiffany - vintage - destinée à la reine Camilla.
Le 30 septembre, Arrington a toutefois reçu un ultimatum : « démissionner ou être licencié ». La justification officielle évoquait une perte de confiance liée au « désaccord sur l’épée » et à une autre question non précisée. Les National Archives and Records Administration (NARA), qui gèrent les musées et bibliothèques présidentielles, n’ont pas fourni de détails supplémentaires.
Des sources divergentes suggèrent que des critiques adressées à l’administration Trump pourraient avoir joué un rôle, ce qu’Arrington dément fermement : « C’est tout à fait incorrect. Je n’ai jamais dit un mot désobligeant sur qui que ce soit ». Il a exprimé sa stupeur : « J’étais choqué, attristé et le cœur brisé. J’ai presque 30 ans de service gouvernemental et je n’ai jamais eu une mauvaise note contre moi ». Plusieurs responsables américains impliqués dans la visite royale ont affirmé ne pas avoir été informés de sa démission et ont nié toute intervention de la Maison-Blanche.
En théorie, la présidence n’a pas autorité sur la nomination des directeurs de bibliothèques présidentielles, qui relève de l’archiviste des États-Unis. Le poste est actuellement occupé par intérim par le secrétaire d’Etat Marco Rubio, un proche de Trump.
Historien de formation, vétéran de l’armée et docteur en histoire, Todd Arrington dirigeait la bibliothèque Eisenhower depuis août 2024, après plus de vingt-cinq ans de service fédéral, principalement au sein du National Park Service. La bibliothèque présidentielle d’Abilene, administrée par la NARA depuis 1966, fait partie d’un réseau de seize institutions similaires aux États-Unis.
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États-Unis : un directeur de musée sanctionné par Trump pour ne pas avoir donné une œuvre
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