Dessins à l’encan

La sélection des SVV

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 21 mars 2003 - 1253 mots

Un riche programme de ventes aux enchères consacrées au dessin est proposé du 24 au 31 mars à Paris. Entre autres chefs-d’œuvre pourra-t-on admirer Ingres chez Christie’s, Gauguin chez Piasa ou Boucher chez Tajan. Sans compter des centaines de feuilles, de toutes époques et pour tous les budgets pour des collectionneurs chaque année de plus en plus nombreux.

Plus de mille dessins seront proposés en ventes publiques dans la capitale parisienne du 24 au 31 mars, parallèlement au Salon du dessin.  Cinq ventes rythmeront l’événement, à commencer le 24 mars par 196 lots chez Tajan. Quatre dessins de François Boucher seront à l’honneur : Psyché et l’Amour sur des nuages, une composition de 20 x 31 cm, Renaud et Armide, de 20 x 31,2 cm, œuvres toutes deux estimées 12 000 à 15 000 euros, Zéphyr et Flore, un charmant crayon noir de 32,5 x 24,5 cm rehaussé de pastel, craie blanche sur papier gris bleu, attendu pour 20 000 euros, et La Chinoise jouant avec son chat, une sanguine de 25,2 x 17,2 cm aux rehauts de craie blanche sur papier beige, estimée 30 000 euros. “Ce beau sujet un peu inhabituel sera sans doute très demandé”, estime l’expert Bruno de Bayser. L’attention se portera en outre sur deux dessins de Jean-Baptiste Oudry à la plume et à l’encre noire, lavis gris et rehauts de gouache blanche sur papier beige, intitulés La Vieille Meute (estimée 20 000 euros) et Le Forhu (estimé 12 000-15 000), deux œuvres préparatoires ayant servi à l’élaboration de cartons d’une suite de tapisseries sur les chasses de Louis XV destinées à décorer les appartements du roi à Compiègne. Les amateurs apprécieront la Réception officielle aux Tuileries sous le Second Empire, une grande aquarelle de 35 x 51 cm, signée Eugène Lami, estimée 25 000-35 000 euros. La scène se déroule dans la salle des Maréchaux en présence de Napoléon III et d’Eugénie.
La vente est ponctuée de nombreuses pièces attrayantes, à l’exemple d’une magnifique étude de chevaux à la plume et encre brune de 19,5 x 17,2 cm de Domenico Campagnola (1484-1550), estimée 12 000-15 000 euros, d’un Accident près de la porte Saint-Denis par Louis Léopold Boilly estimé 15 000 euros, d’une série d’une quinzaine d’élégantes à l’aquarelle de Constantin Guys estimées entre 1 000 et 3 500 euros pièce, ou encore d’une suite de six amusantes compositions aquarellées signées Paul Gavarni et estimées autour de 1 000 euros l’unité.

Ingres et Gauguin, têtes d’affiche
Le 26 mars à Drouot-Richelieu, la SVV Piasa proposera un important pastel de Gauguin vers 1892, de 30,5 x 20,5 cm, représentant une Tête de Tahitienne, de profil à gauche rehaussée de gouache dorée, signée du monogramme et estimée 700 000 euros. Pour l’expert Patrick de Bayser, “ce pur profil maori à l’inclinaison songeuse, dont les paupières baissées accentuent la rêverie et à l’étrange chimère rouge planant au-dessus de la tête comme une auréole de sainteté naturelle, enivre”. L’autre temps fort de la vacation reste un dessin de Claude Gellée dit Le Lorrain montrant La Chasse d’Ascagne dans un paysage classique, de 24,5 x 31,2 cm, estimé 100 000-120 000 euros. “Les personnages sont bien incorporés dans le paysage, ce qui n’est pas fréquent pour l’artiste”, remarque l’expert Louis de Bayser, qui souligne également qu’il s’agit “d’une étude pour son dernier tableau considéré comme un chef-d’œuvre testamentaire “. Mais c’est le 27 mars chez Christie’s que la plus importante pièce a été annoncée : le Portrait de la princesse Albert de Broglie à la mine de plomb par Ingres, de 32,6 x 24,2 cm, estimé 500 000-800 000 euros. “Ce n’est pas seulement le lot le plus cher, insiste Nicolas Schwed, directeur international du département des dessins anciens et du XIXe siècle de la maison de ventes. C’est une œuvre exceptionnelle pour Ingres parce que le modèle est d’une grande beauté, le dessin est lll d’une grande finesse d’exécution et en très bon état – il n’a jamais été nettoyé comme c’est souvent le cas. De plus, il est de bonne provenance puisqu’il entre dans les collections de David David-Weil en 1933 et qu’il apparaît sur le marché pour la première fois aujourd’hui depuis cette date.” Une étude à la craie noire et blanche sur papier bleu de 26,3 x 17,3 cm de Saint François recevant les stigmates par Federico Barocci (circa 1535-1612) ravira les collectionneurs avisés. Pour cette rareté, il faudra prévoir 30 000 à 50 000 euros. Trois dessins remarquables de Millet à la craie noire et blanche sur papier gris bleu, portraits d’amis artistes, sont aussi à retenir : “Par leurs dimensions (55 x 53 cm), ces portraits sont plus grands que nature. Ils sont estimés très raisonnablement 12 000 euros. “ Mais, selon Nicolas Schwed, “ il est probable que les enchères montent jusqu’à 40 000 euros .” Les lots 122 et 123, estimés 8 000-12 000 euros, deux scènes historiques de 2 m de long par l’artiste-reporter Alexandre Jules Ducreux, relatant l’avancée des troupes françaises à la bataille de Jemmapes en 1792 et aux Pays-Bas durant l’hiver 1794-1795, intéresseront probablement un musée. Parmi les œuvres décoratives, signalons un impressionnant cheval sur papier rouge de Lazzaro Tavarone (1556-1641) estimé 8 000-12 000 euros, une composition à la craie rouge montrant trois hommes montés sur des éléphants d’Andrea de Leone (1610-1685), estimée 20 000-30 000 euros, un ravissant pastel de l’Allégorie de la Peinture peignant un Amour de Carle Vanloo ou encore une série de décors égyptiens dessinée par l’ingénieur Antoine Cécile pendant la campagne d’Égypte, estimés 3 000 à 7 000 euros pièce.
La vente du 27 mars à Drouot par la SVV de Maigret offre un large choix de 350 pièces parmi lesquelles une Galerie de vues de la Rome antique par Panini (1691-1785),  estimée 30 000-40 000 euros, et une tête de jeune homme à la pierre noire de 22,5 x 23 cm attribuée à Véronèse et estimée 20 000-30 000 euros. Enfin, le 31 mars, à l’initiative de la société Frits Lugt, la SVV Piasa dispersera un ensemble de 230 estampes et dessins donnés par des collectionneurs français et étrangers afin de financer la réalisation de la nouvelle édition augmentée des marques de collection. La vente comprend environ 160 planches dessinées, cédées sans prix de réserve, dont plusieurs lots importants signés Drolling, Huet, Géricault, Nebbia, Salvator Rosa, Signac ou Villon .

- VENTE DE DESSINS, le 24 mars à 19 heures, Espace Tajan, 37 rue des Mathurins, 75008 Paris, SVV Tajan, tél. 01 53 30 30 30. Exposition publique du 10 au 23 mars, 9h-12h30 et 14h-18h, les samedis 11h-18h et le 24 mars 11h-16h, www.tajan.com - VENTE DE DESSINS ANCIENS, DU XIXe siècle ET DU XXe SIECLE, le 26 mars à 14 h 30, Drouot-Richelieu, SVV Piasa, tél. 01 53 34 10 10. Exposition publique le 25 mars 11h-18h et le 26 mars 11h-12h, www.auctionconsult.com/piasa - VENTE DE DESSINS ANCIENS ET DU XIXe siècle, le 27 mars à 14 h 30, Christie’s, 9 avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85. Exposition publique les 22, 25 et 26 mars 10h-18h et le 24 mars 10h-21h, www.christies.com - VENTE DE DESSINS ANCIENS ET DU XIXe siècle, le 27 mars, Drouot-Richelieu, SVV de Maigret, tél. 01 44 83 95 20. Exposition publique le 26 mars 11h-18h et le 27 mars 11h-12h. - VENTE DE DESSINS ET ESTAMPES “FRITS LUGT”?, le 31 mars, Drouot-Richelieu, SVV Piasa, tél. 01 53 34 10 10. Exposition publique le 29 mars 11h-18h et le 31 mars 11h-12h, www.auctionconsult.com/piasa

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°167 du 21 mars 2003, avec le titre suivant : Dessins à l’encan

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