Royaume-Uni - Justice

Des tableaux du collectionneur Nazem Ahmad saisis par la police

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 4 mars 2024 - 454 mots

FELTHAM / ROYAUME-UNI

32 œuvres d’une valeur de 1,2 million d’euros, appartenant à un collectionneur libano-belge accusé de financer le Hezbollah, ont été saisies.

Nazem Ahmad. Photo courtesy Office of Foreign Assets Control (OFAC)
Nazem Ahmad.
Courtesy Office of Foreign Assets Control (OFAC)

La police londonienne a saisi vingt-trois œuvres d’art appartenant au collectionneur d’art libano-belge Nazem Ahmad, lors d’une intervention dans un entrepôt de la société Williams & Hill à Feltham. Neuf autres tableaux ont été récupérés simultanément par les autorités britanniques alors qu’ils étaient destinés à être vendus aux enchères par Phillips. Nazem Ahmad est accusé depuis plusieurs années d’utiliser le marché de l’art pour blanchir de l’argent au profit du Hezbollah, le parti chiite libanais considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis.

Nazem Ahmad aurait acquis ces œuvres d’art par l’intermédiaire de sociétés écrans américaines, pour ensuite les revendre sur le marché. Les autorités britanniques estiment que les fonds générés visaient probablement à financer le crime ou le terrorisme. En 2023, elles avaient alors interdit aux artistes, galeries et maisons de ventes de commercer avec Nazem Ahmad et ses six sociétés, dont la galerie Artual à Beyrouth dirigée par sa fille. Or à l’exception de la maison de ventes Phillips, qui avait fourni une liste exhaustive des biens appartenant à Nazem Ahmad qu’elle détenait, les autres marchands n’avaient pas averti la police des contrats les liant au collectionneur.

Selon The National, les œuvres saisies comprennent la linogravure Nature morte à la pastèque de Picasso (1962) et plusieurs œuvres d’Andy Warhol, dont Léonard de Vinci, L’Annonciation, 1473 de sa série « Détails de peintures de la Renaissance ». Le tableau Sing all day de Stanley Whitney, réalisé en 2019 et vendu pour 225 000 £ (263 000 €), et Divine wind de l’artiste iranien Ali Banisadr (2012), d’une valeur de 175 000 £ (205 000 €) en font également partie. Le montant total des œuvres saisies est estimé à 1 million de livres sterling (1,2 million d’euros).

Cette saisie a été révélée dans une déclaration de la National Crime Agency (NCA) du Royaume-Uni alertant sur les activités illégales de criminels qui dissimulent des actifs dans des installations de stockage, qui prennent de la valeur au fil du temps et peuvent être liquidés lorsqu’ils le souhaitent. « Des millions d’œuvres d’art sont actuellement conservées dans des entrepôts spécialisés et n’ont pas quitté ces installations depuis des décennies » explique la NCA.

Nazem Ahmad, qui résiderait actuellement au Liban, n'a pas commenté la situation. En avril 2023, il avait fait l’objet d’une enquête menée par le bureau du procureur américain, qui a révélé qu’il était impliqué depuis 2019 dans l’importation et l’exportation d’œuvres d’art et de diamants, dont la valeur est estimée à environ 440 millions de dollars (407 millions d’euros). Nazem Ahmad est aussi soupçonné d’être impliqué dans le trafic des « diamants du sang » en Afrique au profit de groupes rebelles.
 

Thématiques

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque