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Des chercheurs séquencent pour la première fois le génome complet d’un Égyptien de l’Antiquité

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 31 juillet 2025 - 400 mots

Un potier égyptien mort il y a près de 4 800 ans livre son ADN : une première mondiale qui éclaire son mode de vie et son ascendance mixte.

Reconstruction faciale d’un potier de l’Ancienne Égypte mort il y a 4800 ans, dont le génome a été séquencé. © Caroline Wilkinson, Liverpool John Moores University
Reconstruction faciale d’un potier de l’Ancienne Égypte mort il y a 4 800 ans, dont le génome a été séquencé.
© Caroline Wilkinson, Liverpool John Moores University

Lors d’une étude menée en collaboration entre l’Université Liverpool John Moores et le Francis Crick Institute, des chercheurs ont réussi pour la première fois à séquencer le génome complet d’un individu ayant vécu en Égypte entre 4 500 et 4 800 ans avant notre ère. Jusqu’à présent, seules des tentatives partielles avaient été menées, notamment celle du Prix Nobel Svante Pääbo dans les années 1980.

L’objectif de cette recherche était de documenter les flux migratoires entre l’Égypte ancienne et le Croissant fertile (qui s’étend du sud de la Turquie actuelle à la Jordanie) durant cette période. Si des échanges matériels et iconographiques entre ces régions étaient déjà attestés, une étude génétique complète devait permettre de les étayer.

Les analyses ont été réalisées à partir des restes d’un individu découverts en 1902 à Nuwayrat (Égypte), dans un tombeau rupestre, où son corps avait été placé dans un pot en céramique scellé. Les restes sont aujourd’hui conservés au World Museum de Liverpool. Ce sont principalement les dents, mieux préservées dans les climats chauds et arides, qui ont permis d’extraire l’ADN.

Restes de l'habitant de l'ancienne Égypte, découverts en 1902. © Garstang Musem, University of Liverpool
Restes de l'habitant de l'ancienne Égypte, découverts en 1902.
© Garstang Musem, University of Liverpool

Les résultats indiquent que le génome de l’individu est composé à 80 % d’ascendance nord-africaine et à 20 % d’origine proche-orientale, suggérant des liens migratoires. D’autres données révèlent qu’il est décédé à environ soixante ans, qu’il souffrait probablement d’arthrite, et que ses habitudes alimentaires étaient conformes à celles de la région. L’analyse des marques musculaires sur les os suggère qu’il était potier, fréquemment assis, bras tendus, tête inclinée — une posture compatible avec l’usage du tour de potier, introduit à cette époque. Toutefois, la tombe de haut rang où il a été inhumé laisse supposer qu’il était un artisan reconnu ou économiquement aisé.

L’individu a vécu à la transition entre la période dynastique précoce et l’Ancien Empire, une phase marquée par l’émergence des premières pyramides. Il est mort avant la généralisation de la momification artificielle, ce qui explique la bonne conservation de son ADN.

Depuis les premières recherches menées par Svante Pääbo, les techniques de séquençage se sont considérablement perfectionnées. Des protocoles rigoureux ont été appliqués pour éviter toute contamination par de l’ADN contemporain, une difficulté rencontrée dans les travaux antérieurs.

Cette méthode ouvre la voie à une meilleure compréhension des flux migratoires entre l’Afrique, l’Égypte ancienne et le Moyen-Orient.

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